Depuis le Québec, Sylvain Rivière, envoie une nouvelle brassée de poèmes marins.
SUITE MARINE
Quand noud croiserons la lumière
Nous ne serons depuis longtemps
Déja plus du nombre
Nous marcherons sur la mer
En choisissant nos tempêtes
Nos coups de vent de chien
Occupés à jeter des rivages
Comme on sème le grain
Aux marées des hauts pâturages
Au seul nom de la dignité
La paume calleuse généreuse surtout
Comme un lendemain de jeûne
Sur la table nappée
De nos ardents désirs-destins
***
L’homme sans identité
N’est qu’un objet de l’Histoire
Une mer sans rivage
Une vague sans écume
Un sable sans morsure
Un outil servant aux autres
À ceux qui l’utilisent
L’humilient
Le prêtent
Le maltraitent et le vendent
Un ustensile auquel
Chacun se nourrit
L’identité d’un homme
C’est sa vérité
Son rôle assumé
***
Les yeux sont des hublots
Cherchant des rivages
Naviguant au large d’eux-mêmes
De soi aux autres
Parfois naufrage
Tantôt radeau
Dérivant dans le non-temps
De l’ivresse des profondeurs
***
Aux vents des vaillances
Toujours et à jamais
Réensemencer la marée
À même les labours d’écume
Fendue par l’étrave
Des charrues du rapatriement
***
Les amis fidèles
Deviennent coquillages
À travers leurs murmures
Ainsi de l’homme
Qui pour vivre
Et demeurer soi-même
Doit se compromettre
***
Tatoué sur mon cœur
Le visage du vent
Fouillant la mer
Des après
À la recherche du bleu
Du mystère
Dont est piquée sa robe
Sur son bras gauche
Une veine tendue
Bleu marine
En marche vers la mer
Rebours incontournable
De ma salinité
Héréditaire
Gauchement vulnérable
De mousse sans bâtiment
Échoué à demain
Des sentiments
Que le brouillard dissipe
Au large des côtes
De mes tout premiers pas
Ensablés de chimères
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