- Les billets de l'éditeur
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La littérature sur la Corse, issue tant de l’imaginaire que de l’histoire, offre au lecteur une approche des genres contrastée. Un patriarcat de façade y développe des figures de héros mâles, virils, courageux, souvent particulièrement intelligents et cultivés. C’est le monde des chefs, des militaires, des hommes d’honneur, des résistants et… des bandits ! Le monde de la lumière leur appartient. C’est celui de l’espace public.
Parallèlement émergent de l’ombre, de l’espace privé souvent, des figures féminines, quasi anonymes pour certaines, bien plus riches et variées si l’on y regarde de près.
Un grand nombre de ces destins romanesques semblent bien souvent, sans l’avouer, prendre leur distance avec celui de la plus connue d’entre elles, la Colomba de Mérimée (qui est tout de même, quand on y songe, bien… masculine !).
Deux princesses ont été l’objet de biographies romancées. La première, L’interdite, sous la plume de Marie-José Loverini, reprend tout ce que l’on sait de la fameuse Davia Franceschini qui fut favorite du roi du Maroc à la fin du XVIIIe siècle. Une histoire à la Cendrillon, à vrai dire : la fille d’esclaves élevée au rang de princesse. La seconde,Pauline B. (Bonaparte), ne laissa pas une miette de cette liberté permise à la petite sœur préférée de l’Empereur qu’elle était.
D’autres héroïnes, femmes du peuple, incarnent le destin de tant d’anonymes que chacun peut y reconnaître dans l’île quelques traits de sa propre grand-mère : Marie di Lola (épuisé) ou Apollonie par exemple.
Enfin, voici venue l’heure des héroïnes modernes, femmes libres, conquérantes, parfois malheureuses, mais faites de ce caractère bien trempé qui leur permet d’endurer la vie avec sans doute ce qui les caractérise toutes, peu ou prou : l’esprit d’indépendance. Ainsi en est-il des héroïnes d’Une si longue escale, de Deux et plus récemment d’Il d’Anaïs Juin – un puissant roman d’amour juvénile, tellement contemporain.