- Decameron Libero
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Nous est Vivant
À Jules pour le souvenir…
À Thomas pour l’avenir…
Après la fièvre et les cris, un écho…
De femme,
D’homme,
D’espèce
Toujours depuis ce jardin idyllique
Confinement empoisonné
Depuis mes affaires
Ma vie
Un sentiment
Se déclare et m’enflamme
Enfermé
Recentré
Protégé
Mais vivant
Vivant de vous
Merci
Pour ces lueurs dans mon couloir
Multiples à vos images
Enchantées
Ces voix qui essuient mon front
Atténuent mes suées vaines
Et saupoudrent des possibles
Tous soignants
Guérisseurs mutuels
Des lumières dans le chaos
Nos yeux ouverts ou fermés
Nos espoirs phosphorescents
Merci pour la résonance
Cette vibration
Soutien électrolysant
Elle écarte mes culpabilités
Et dans l’interdiction sanitaire
Retisse nos mains
Joint nos corps
Nos peaux glacées du vide
Je plonge, replonge
Gueule de bois et je crois
Je n’ai plus peur...
Solitaire collectif
Funambule assisté
Je profère, m’intègre et fais partie
Retrouvailles
Dans les nuées du virus
Encouragé par vos témoignages
Mes poumons et mon cœur dansent
Narguant la pandémie
Trop plein globalisé
Mes poumons et mon cœur vacillent autrement
Des enfants
Une horde sauvage
Amoureuse et ouatée
De vos présences rassurantes
Vos enthousiasmes vitaux
Mais aussi de cette peine éthylique
Alcoolisée des départs
Tristesse, grande
Parabolique
Seul
Fendu
Mais finalement
Agité de vous
Tous
Inconnus de ma vie
Morts ou vivants
Décimés
Arrachés, éloignés
Ou riant
Innocents, fiers et volontaires
Je ressens vos forces et vous témoigne les miennes
Après la fièvre
Un virage convalescent
Une obstruction
Les gouttes maladives de mon front
Deviennent larmes
Un œil pleure
Obscurci du désastre
Essoufflé
L’autre courageux
Droit devant
Malgré les écoulements
Reste fixe
Comme une idée enfouie
Inamovible
Une révolution nouvelle
« Oh liberté, liberté sainte, déesse d’un peuple éclairé »*
Chers inconnus luisants
Vous de qui j’ai reçu ou non des enragements
Citoyennes, citoyens,
Femmes, hommes
Ensuqués
Fiévreux
Depuis le début
Alertes
Dépassons la perdition
Fuyons
Nos pulsions libérales
Nos accessions
Nos possessions
Nous avons délaissé la confiance
La chaleur humaine
Pour capitaliser
Nous transpirons nos impuissances
Nos renonciations
Endurant cette crise
Pleurant nos stratégies
Confondus, pliés
L’échine arquée et violacée des coups et des mensonges
Je m’en veux de vivre avec
M’habituer
Mon matelas se gorge de ces sudations nauséabondes
Opaques
Politiciennes
Une eau croupie
Remplit l’intérieur de nos confinements
Et nous oblige cette fois à ouvrir nos fenêtres
Évacuer toute cette fange purulente
Ces bubons infectés qui nous aspirent
Nous gangrènent
Nous éliminent
Nous inondent
Réanimation respiratoire collective et forcée
Connaître, renaître
Nous
Tous
Muter ami ou parent
Sœur
Frère
Nous entendre, élaborer
Divaguer des souvenirs intimes
Non-dits
Histoires brèves ou embrasées
Histoires communes
Qui rassemblent et plus encore
Depuis nos lucarnes distanciées
Haut perchés
Les yeux
Dans les yeux loin
Dans les autres yeux loin
Dans les yeux
Renaissance intime et universelle
Renouveau social
Nous ne sommes pas que travailleurs
Télétravailleurs
Ni profils
Cibles
Followers
Numéros
Ou comptes
Nous sommes
Corps
Ame
Goût
Empreinte indivisible
Destinée unie
À votre balcon
De la main de votre choix
Ressentez votre peau
Le contact
Serrez votre autre main avec la force d’un ami
Touchez votre joue avec la délicatesse d’un parent
Impulsez un salut ample et vivifiant adressé à un étranger
Au présent
Niez la virtualité
Frôlez finement
Renouez avec la chair
Tout geste
Toute sensation
Existe à travers l’autre
Est imprégnée
De nous et de l’inconnu qui passe
Son organisme
Comme le nôtre est appel
Invitation
Cette distance obligée
Ce mur sanitaire
Qui nous contraint aujourd’hui
Réaffirme ces ardeurs
Abîmées mais décidées
Fuck Netflix
En épisodes
En réalité
Se dessine notre série
Guillotine
Marchons pour que le sang impur du capital
Abreuve nos sillons insurgés
Militons notre propre appartenance
Notre communauté libre arbitre
Réunis pour nos droits
Après l’éclosion innombrable de victimes
Additionnées à toutes les autres victimes
Nous, en bourgeon
Les deuils chevillés
Assoiffés de la lumière derrière les cercueils
Armée turbulente de vie
Bercés d’un printemps exaltant
Fomentant une nécessité commune
Nos pas conjoints sur la prairie du néant
Frappent un unisson fondateur et valeureux
Liberté, Egalité, Fraternité
Jeté aux visages de nos nouvelles servitudes
Magnifié pour reconquérir ce Nous
Riche de différences, de singularités
Solidaire et Alternatif
Nous, irrévocable, est résilience
Participation
Mutualisation
Réappropriation de nos destins
Libres et pacifistes
Nous, définitivement, bourreaux
Exhortation puissante au pied de l’échafaud
Nous met à mort le roi
L’argent
Incontournable évasion du confinement mondialisé
Aux armes
Mes inconnus
Au boycott
Au désordre
À la vie
Du virus nait la lame
Parce que nous est vivant !
K
*Hymne à la liberté
Pour lire un autre texte de K : Fiévreux
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