La trilogie des confinés, Les jours #1 (FIN) - Charlie Galibert

Le premier fil d’Ariane de la Trilogie des confinés touche à sa fin (Les Jours). Charlie Galibert déroule la dernière pelote…

  

  

La Trilogie des Confinés

 

« Je suis ermite depuis 70 années.

Je n’ai jamais vu aucun génie, ou un ange.

J’ignore la recette de la drogue d’immortalité.

Je ne possède aucune formule magique.

Je goûte parfois la vague saveur d’une sagesse inexprimable.

Je vais bien. »

(Henri Gougaud, Le livre des chemins, Albin Michel, 2009, 328)

 

 

 

Je crois au livre tout-puissant,

Créateur d’un autre ciel et d’une autre terre,

D’un univers visible et invisible,

Accessible sans traduction,

Qui ferait,

Véritablement,

Trembler le cerveau.

 

Qui habiterait avec les éléments intérieurs de l’Être,

Partagerait la Grande Aventure des Petites Choses,

Les bleuissant voisinages aimés des crépuscules.

   

  

I – Les jours (FIN)

 

Comment mesurer le temps qui passe ?

 

Les instruments ne manquent pas : les nuages, le vent, l’eau, l’orbe du soleil dans le ciel, la montée et la descente de la lumière et de l’obscurité, les saisons – des cerises, des grenouilles, des pluies, des sept vagues –, la tête dodelinant de l’enfant qui regarde passer l’oiseau dans la bouche du chat et qui voit le chat dans la bouche de l’oiseau, la poussière qui retombe sous le vol de la guêpe maçonne, l’araignée qui regagne son trou de toile, le bouchon de Faustine tatoué de sa date dans le trou du mur, le chant de vautour des bouteilles de Bourbon, la bague s’ajustant au doigt, le rire étincelant des amoureux que lorgne l’Ange de la Séparation, l’arc-en-ciel dans la lumière de la pluie, la tête dodelinant du vieillard dans l’étonnement, néanmoins, de la survenue de sa mort, là, tout juste, à l’entrée du champ au labour suspendu.

    

    

***

   

   

Chaque instant est un commencement. Ils vont. Elles viennent. Chaque commencement est un recommencement. Ils marchent. Elles dansent. Ils tournent ensemble. Se croisent. Ils voltent. Elles virevoltent. Le modèle de leur déambulation pourrait être des rats dans un labyrinthe. C’est lorsqu’ils sont le plus près les uns des unes qu’ils en sont en même temps le plus éloignés. Le labyrinthe est rapprochement de l’éloignement, éloignement du rapprochement. Ils sont en même temps Ariane et le Minotaure. Le fil rouge du sang dans la clarté du ventre et l’imperceptible mouvement des testicules en haut des cuisses. Ils se cherchent du regard. Ils se frôlent. Ils se fuient du regard. Ils s’affolent. Tout le jeu, le principe, le modèle – c’est un trésor aussi vieux que les étoiles et la mer – consiste à faire croire qu’ils ne se voient pas. Qu’ils ne se regardent pas. À faire croire qu’ils ne se regardent pas en se regardant pour faire croire qu’ils ne se regardent pas. Ils ont appris cela très tôt. Cela se transmet dans le ventre. Elles savent depuis l’enfance la science intime du labyrinthe. L’axe premier des chattes. L’axe premier des bites. Il n’y a pas d’axe second. Là dans la rue qui descend dans la terre de leur savoir enfantin, jusqu’à rencontrer parfois l’eau saumâtre du niveau de la mer, sans la plage, ils jouent à ne pas se rencontrer. Ne pas se rencontrer est l’art suprême de la rencontre. Ils croisent et se croisent. Se devinent. Se soupçonnent. Cela se pratique sans un mot. À peine, parfois, un souffle. Mais alors de noyé. Un pli de lèvre qui joue avec la bouche à faire croire à un sourire. C’est difficile de se fréquenter ainsi, sur cette portion d’avenue, un Cours, entre la poste et les cafés, qui concentre l’essentiel de la vie, la vie d’hier, la vie d’aujourd’hui. Demain, on ne veut pas savoir. Demain on sera mort. Demain est bien assez vite déjà là. Elles passent. Ils dansent. Elles ont l’allure grecque, le port crétois, les jambes du labyrinthe. Ils ont les poils hérissés du Minotaure. Son odeur de pisse, de sperme et de sang. Ils savent le secret du silence. Elles taisent le secret du silence. Le trésor du secret. Le secret du luxueux silence. À l’église, ils ne glissent que des billets au moment de la quête. Il ne faut pas qu’on les voit. Ils veulent qu’on les voie. Ils veulent entièrement qu’on les remarque. Dans une discrétion assourdissante. Elles ne se montrent pas pour que l’on ne voie qu’elles. Ils rêvent d’être l’acrobate sur les montants de bois qui volète lourdement au-dessus de l’autel. Elles s’y imaginent nues, clouées délicieusement, avec un pagne léger-léger, un voile qui joue avec leur ventre et leurs cuisses. Toujours cacher pour montrer. Toujours dissimuler pour donner à voir. La Petite, elle glisse la main dans la main de la Grande. Elle murmure : je veux toujours continuer à dormir contre toi, entre vous deux, pour l’empêcher de te toucher. Elle n’est pas si petite que cela, douze ans, treize ans peut-être, un duvet blondit son ventre déjà, la grande lui serre la main plus fort. Elle dit, la petite : si je continue, il finira par partir. La grande main presse plus fort la petite, la grande main souffle entre ses dents : si tu continues il finira par nous tuer. Car elles l’ont croisé, là, à l’instant sur le Cours des regards naissant voilés et éclatant, et il a sa main dans la poche de son pantalon sur la bosse près de la bosse de son sexe bourré de viagra, l’autre bosse, noire, glacée, du Glock qu’il a toujours sur lui. J’ai deux bites, il dit, une pour baiser l’autre, les deux pour vous tuer toutes les deux, une seule balle suffira pour toutes les deux, je l’ai coulée moi-même, je l’ai faite bénir par le curé, elle est en argent, l’argent tue mieux et puis il vous enverra au paradis où vous aurez l’éternité, toute, pour me regretter, me maudire. Tout cela n’est pas vrai, c’est un pauvre type, un pauvre mâle, un tout pauvre dans sa tête, mais il connait bien les règles du regard et du silence, tout cela n’est pas vrai mais c’est mieux de ne pas les avoir à soi et d’errer là, sur le Cours, dans la chaleur sèche de l’été, tout ce jaune qui lui coule dessus, la lumière, le soleil, qui brule, qui fond, tout ce bleu devenu blanc, le ciel embué au-dessus du ciel, la brume de chaleur qui danse et qui fait remonter en lui, dans son crane en feu, les bêtes des abysses et descendre en lui sous son crane en feu les oiseaux des grandes hauteurs, les voitures noires qui les frôlent, les tanks, les avions de combat, les fusils, les treillis, le chevelu des sentiers, le goudron des routes qui fond dans ses yeux, les asphodèles craquantes brulées par les journées de chaleur blanche interminables, la poussière qui vole au-dessus du trou, la rue, le Cours qui descend dans le trou, au milieu des fragrances sèches de sexe, des gémissements de sexe, des cris, vagin, pénis, anus, sperme, sucs, merde. Ça coule, ça tourne, ça danse, ça dessine les spirales terribles, les boucles goudronnées du labyrinthe, la fractalité aiguisée du labyrinthe, des regards effilés comme des rasoirs, mensongèrement aveugles, les deux axes des sexes qui croisent leur fer sur le trou de l’abime brulant de l’été, jaune, bleu, blanc. Il n’est pas de second axe, seul tremble dans la lumière le labyrinthe au rêve de sang. Grande brebis blanche, petite brebis noire, ce qui vit vit, ce qui meurt meurt. Le rêve de sang du labyrinthe attend. Le labyrinthe le sait. Les hommes le savent. Les femmes le savent. Il n’y a aucune présence de l’autre côté de la mer. La mer n’a pas d’autre côté. Depuis cet instant la petite aussi le sait.

 

 

 

 

Étudiant qui chante

« Joli mois de mai quand reviendras-tu

Avec tes feuilles vertes pour torcher mon cul »

Printemps des poètes !

 

L’écriture ne sauve ni ne délivre de rien, ne rapproche de rien, n’ouvre rien. L’écriture, tout juste, par rareté et éclaircie, nous rapproche de l’écriture, cherche à nous apprendre à écrire. Quand je lis les livres des autres, je me rends compte de mes limites, mes différences, des choix profonds qui me choisissent, ma façon de fuir les personnages, de me fuir moi-même, de vivoter dans les marges de l’écriture, de rêver à l’écriture. Les autres livres racontent. J’écris de l’écriture. Nous rêvons de lire ce que nous ne vivrons jamais. C’est cela la littérature. C’est cela aussi l’art. L’impossibilité élue d’accéder à l’impossible. Pas besoin de ce vieux Kant pour ressentir la supériorité décisive, définitive, de l’Etre, de la Nature, sur le Beau artistique. Oh ! l’indifférence supérieure de l’existant à l’égard de nos bégaiements productifs. Oh le ciel ! Oh la mer ! La montagne ! Les formes et les couleurs, Oh ! Oh ! Oh ! Cependant que le petit Léonard joue aux billes dans la cour de création de notre indigence. Nous appelons art, science, philosophie – la défense acharnée de nos petites opinions, du droit d’en avoir une. La liberté d’opiner.

  

   

   

   

L’avant dernière femme de La Barbe Bleue

 

Chacun devrait pouvoir écrire sa cosmologie intime, miniature, portative, le découpage de l’année suivant ses souvenirs, son enfance, les regrets, les tics et tocs, les points cardinaux de sa vie passée, les rituels. Composer ainsi un calendrier à l’image désuète de celui des PTT de nos grands-parents – Petits Traumas Tyranniques, Perte Transitoire du Temps, Potlatch Tout Timide…

Cela ferait comme des Atlas intérieurs, avec leurs continents, leurs océans, et les Grands Ancêtres fondateurs des Grands Luminaires, de la séparation d’avec les animaux, de la différence des sexes et les axes qui relient le ciel à la terre, Yggdrasil, le poteau central, la Grande Marmite, le serpent entourant le Monde, la gueule grande ouverte… Ginnungaggap, je crois… Ça pourrait s’appeler « Alice en ses saisons ou le calendrier hors du temps ». Plume d’ange à l’encrier.

 

Tome 1 : La valise déposée devant la porte de l’éternité relative

Tome 2 : Anatomie de l’éternité relative

Tome 3 : Métaphysique de l’éternité relative

Tome 4 : Annuaire des gares dont on ne part pas et de celles où l’on n’arrive jamais.

Tome 5 : Annexes : onomastique, taxonomie des êtres et des choses, table des correspondances. Index majeur.

 

Les quatre saisons :

- Souffleurs de jardins et cimetières en automne.

- Jingle bell en hiver.

- Jet ski l’été.

- Le printemps : coucou au fond d’une combe.

  

  

 

   

  

À moi, Contes, deux mots !

 

Pluie inattendue et forte de mi-avril. Coup de froid. À peine 10 degrés ces quelques matins. Les cerises ont la chair de poule et semblent des tétons glacés sans aréole. Les tourterelles tourterellent. Un coucou fait écho, loin dans le fond de la vallée, en quelque conte d’enfance. « Pirouette cacahuète. Le palais royal est un beau palais. Il monta sur un arbre pour voir ses chiens courir ». L’herbe prend des allures de jungle et les fleurs humbles envahissent le monde. Pissenlits, boutons-d’or, primevères, coquelicots, capucines, liserons, et toutes les choses modernes et artificielles des jardineries et des catalogues dans les boîtes aux lettres. « Dans les jardins de mon père les lilas sont fleuris ». Les personnages de roman meurent de façon contemporaine, sans distanciation, bombe dans un train, Alzheimer, oh Alzheimer, partout désormais, en mode consommation banale, et comment ce sera de ne pas même se rappeler l’instant qui vient de passer, le bout de plafond à peupler de l’univers tout aussi vide. Qui êtes-vous ? Et qui suis-je ? « C’est un p’tit cordonnier qui a eu sa préférence », « il pleut il pleut bergère ». Les personnages ne m’importent finalement que très peu, ils n’ont que la forme de l’humanité, de nos travers, nos regrets, nos illusions, du mal qui nous ronge. À ce titre, ils ne peuvent dire que l’infinie variabilité des formes de la perte de l’Être, de la séparation d’avec le monde. La chatte me regarde, et parfois, souvent, ça me suffit, que je ne comprends pas. « Entrer dans la mort les yeux ouverts », quelle connerie ! Quelle vantardise ! Quel orgueil ! Quel viatique ! « On tira à la courte paille pour savoir qui, qui, qui serait mangé, ohé ohé ohé ».  Et pourquoi tu aurais la prétention d’avoir le mode d’emploi, et de le distribuer, gonflé de la vanité de la modestie, de la modestie de la vanité. Tout est tombé, le monde est tombé, « Les rats l’avaient mangé, digue donda dondaine ». Le monde est tombé sous le soleil et l’ombre. Puis le soleil et l’ombre même sont tombés. Un instant je me tiens debout sur le vide, tout en allée, les cheveux trempés, dégoulinante comme une noyée, puis je m’envole dans le ciel bleu, mes bras écartés sont des ailes. Mais ce ne sont pas des ailes. Je ne suis pas l’oiselle. Je suis la petite-fille en pleurs et en feu qui glisse dans le Schéol. « La bergère en colère tua le p’tit chaton, ron ron petit patapon ».

 

 

 

 

 

Du Marquis de Carabas

 

L’ogre a mangé Poucet et ses frères, le Marquis de Carabas n'a pu être sauvé de la noyade, la Barbe-Bleue a été retrouvée égorgée et pendue par ses femmes dans son petit cabinet secret, le roi du pays bleu a préférer épouser sa fille que sacrifier son âne aux crottins d'or (tout comme le loup a préféré épouser le Petit chaperon rouge que la dévorer), Vendredi n'a pas voulu de l'adoption de Robinson, ni Laurel de celle de Hardy, Cendrillon est restée toute sa vie au coin du feu, la montagne n’est jamais devenue violette et la petite chèvre s'en est retournée chez Monsieur Seguin.

 

Je ne suis jamais devenu grand et je vous emmerde.

 

  

 

 

Ô sainte nuit

 

Chants qui montent dans la nuit, la Sainte et Merveilleuse Nuit de la montagne, entraînant avec eux des souvenirs, d'autres nuits, de danse, de lumière, d'amour, de regard, chose qui se passent, se disent, et je sais qui a fait quoi, avec qui, pourquoi, et comment je dois y réagir, ce que je dois faire ou ne pas faire, voitures passant sur la route avec son pinceau de lumière, devant, sa laisse de musique, derrière.

 

Nuit, nuit, Sainte Nuit qui dure, depuis tant d'années et en laquelle je suis heureux, que j'aime écouter tout en voulant m’y endormir, comme l'on souhaiterait rester éveillé dans le vent ou la pluie qui nous berce.

 

Au vrai, je ne veux que cela, la Merveilleuse, la Sainte Nuit, puis la lumière du matin qui finit par venir, comme une tragédie, avec laquelle tout recommence, nuit que j'aime, grillons, étoiles, chiens, chouettes, grenouilles – et que tout meurt.

Au-dessus encore la voûte étoilée, et encore au-dessus, Jupiter.

 

Les lumières de l'abri allumées j'imagine Noël.

Je viendrai.

Je reviendrai.

Je triompherai de tout cela.

Même s'il sera trop tard.

Alors, je pourrai attendre la mort, un verre d'eau-de-vie à la main, et je lui crierai tout cela au visage, au trou noir de ses yeux et de sa bouche.

Sans penser à la lumière du matin qui revient toujours, comme une tragédie, et je fanerai en deux jours, pauvre hibiscus sur une tombe.

 

Sale mort, ma beauté qui pourrit, mon consentement fleuri dans la boue.

 

 

 

 

Pages envolées du Petit traité des saisons

 

Qu’attendre ?

 

Que le temps passe plutôt qu’il soit passé ?

Que les mots planent et volent, même un peu, seulement un peu, oh !, plutôt qu’ils se posent ! ?

 

Que le sourire espère naître plutôt qu’il se donne ?

 

Je n’aurai rien connu des interdits que l’on s’invente fatals et des espoirs que l’on aime à s’interdire.

 

Tant d’enfants-livres enclos dans le ventre des mots, enceints à tout jamais dans la langue, peureux avant même de naître. Toujours déjà à la peine. Ainsi aurais-je cru arriver avant même de partir, me poser avant même de m’envoler.

 

Les prières faites à mon immobilisme, les faux sacrifices à mes fausses idoles, autant de croyances à des dieux inventés que je fus le seul à vénérer – pour de vrai, pour de faux. Honte et regret mêlés à me reconnaître vieillard, nu, bientôt, qui jamais ne connut de jeunesse, d’avoir bondi d’un seul saut de l’enfant à la mort.

 

Les certitudes ont flétri que je croyais éternelles et reposent, flasques et tremblantes, sur la corde à linge tendu pendu dans la nuit froide où aucune étoile ne montera plus et où des bêtes sans pitié viendront déposer un bran de sang sur mes veines ouvertes – s’en est allé.

 

Ça ne se lèvera plus, Zawouahania, Oh !

 

 

 

 

Si tu veux apprivoiser le vent,

Plante un cocotier dans le ciel.

Il viendra y jouer de ses longs doigts bleus avec les boules-coco et les palmiers-cimiers à la tête fière.

 

Si tu veux apprivoiser la pluie,

Construis un toit de tôle au-dessus de la tête de celles et de ceux que tu aimes.

Elle viendra y chanter sa peine et sa violence, sa tiède gentillesse,

Son nid de bonheur.

 

Si tu veux apprivoiser le nuage, élève un regard doux et patient,

Tresse une longue plainte sœur du silence.

 

Mais surtout n’oublie pas : le vent, la pluie, le nuage ne s’apprivoisent pas.

Ils se donnent selon leurs vœux.

 

  

  

  

  

Pour llire les autres textes de l'auteur :  

  La trilogie des confinés, Les jours #1

    La trilogie des confinés, Les jours #1 (Suite)

    La trilogie des confinés, Souvenirs d’hier et demain #2

    La trilogie des confinés, Souvenirs d’hier et demain #2 (Suite)

    La trilogie des confinés, L'Indienne #3

    La trilogie des confinés, L'Indienne #3 (Suite)

  

  

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