Operata di memoria Furiani 92 - Lucile Graziani

  

Témoignage de Lucile Graziani

 

J’ai 21 ans je suis étudiante à Bastia. Ma mère connaît Jojo Bonavita, elle fait ses courses dans sa supérette, et c’est comme ça que je me retrouve à vendre des pin’s et des programmes pendant les matchs de la coupe de France à Furiani, comme d’autres jeunes de Bastia.  

Il fait très chaud. Une chaleur étouffante ! Une heure avant l’ouverture des portes on est postés à chaque tribune. Je suis choisie pour aller sous la tribune Nord, sous les échafaudages, juste après le contrôle des billets. On vend beaucoup de ces petits objets que nombre de gens collectionnent à l’époque. Les heures passent, il fait très chaud, une chaleur pesante…

On est toujours sous la tribune et on entend l’ambiance qui monte. On sent la structure de la tribune vibrer. Soudain, une planche tombe, puis une deuxième… je vois ces planches tomber, j’ai 21 ans et je ne peux pas penser que cette tribune peut s’effondrer…

Un peu avant le début du match, je monte sur la tribune, je veux rejoindre mes amis pour assister au match. Il reste quelques minutes avant le coup d’envoi. La chaleur est ardente. Et il y a trop de monde, je ne trouve pas mes amis. Soudain, le speaker hurle incessamment de ne pas taper des pieds.

Le match va commencer alors je m’assois sur des escaliers entre deux rangées je suis seule…

Je ne sais plus le bruit ou pas, les cris ou pas… Mais il n’y a plus rien un mètre derrière moi. Je ne sais plus. J’ai peur. Et un gros mouvement de foule nous emporte vers le grillage « ne poussez pas, ne poussez pas ». J’ai peur de me faire écraser. Je suis évacuée par le grillage. 

Au loin, ma sœur me voit. Elle rentrera à pied chez mes parents pour les rassurer, car je mettrais plus de trois heures pour faire Furiani Montesoro. 

Je me sens dans le brouillard. J’ai oublié tellement de choses. 

La nuit sera courte. Où sont tous mes amis ? Le lendemain il fait toujours chaud, très chaud, une chaleur malaisante. J’ai la joie d’apprendre qu’on s’en est tous bien sortis. On a eu de la chance.

Aujourd’hui, restent ces larmes que je ne peux m’empêcher de verser à chaque reportage, à chaque évocation et une légère agoraphobie. J’ai eu de la chance, toutes mes pensées à ceux qui n’en ont pas eu. Ùn ci scurderemu mai.

   

   

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