Claude Marmounier - Au revoir en mots...

 

L’au-revoir de Claude Marmounier 

 

Au revoir en mots...

 

La récréation avait débutée avec le Grand Homme en porte-clés, revenu d'une retraite de Mussy sans doute méritée mais empreinte d'une nostalgie que ni Jean-Marc, ni Jacques ne semblaient partager, pas plus que Madeleine et Zia Catalina tant ils étaient occupés à surveiller les verres d'un beau-père en verve qui racontait ses histoires de cousins qu'il fallait convaincre, d'homme au grand manteau noir, auteur malicieusement inconnu qui ne signait pas ses textes mais qui prétendait avoir l'avenir devant soi parce que, il y avait 27 ans, un calendrier des postes, forcément complice, l'avait entraîné au quai du temps qui coule d'où une voix de jeunette lui avait murmuré "suis-moi" et c'est en bougonnant "qu'elle mange son pain blanc la jeunesse..." qu'il avait voyagé dans de jeunes villes rangées, de Portiche à Paris, d'Aix-en-Provence à Bordeaux en passant par Corbieux et Palestre Ville pour visiter le Roi des Calissons, la Grande Arche, le 84 de la route de Genève, s'être recueilli devant la plaque de Joseph Mondolini, suivi le parcours de l'ambigu Zorbalegrec fin comme un fil de fer jusqu'à ce que, à l'inverse des contes intemporels, le temps gagnant toujours à la fin, il fallut bien se résoudre à calmer l'emphase du beau-père comme l'imaginaire des invités, ranger les crayons, fermer les cahiers tout en devinant comme allaient manquer, dorénavant, les contraintes d'écriture si souvent malmenées par facilité ou réflexe d'électron libre, les heures studieuses, presque scolaires, passées à s'aventurer dans les commémorations, les réunions de famille, les souvenirs d'enfance remplis d'église Sainte-Claire, d'hôtel Helliot II, de place à la crème et autre villa réglisse, points d'orgues savoureux de soirées surprises qui peinaient à se conclure tant l'attention restait vive pour capter les moindres détails des conseils qui permettraient demain de mieux introduire une idée, de semer en amont pour crédibiliser une action, affiner une phrase, glisser élégamment une transition, surprendre le lecteur, le prendre par la main et l'inciter au voyage en jetant l'encre sur le papier.

 

 

Ce texte fait partie du compagnonnage mis en place entre Le Nouveau Décaméron 2021 et l’atelier d’écriture Racines de Ciel, animé par l’écrivaine Isabelle Miller, dans le cadre des activités littéraires du festival Racines de Ciel

Le thème choisi cette année était « Commémorations publiques, souvenirs privés » articulé autour de plusieurs propositions successives.

La cinquième et dernière proposition à laquelle le présent texte souscrit était : 

Pour la dernière séance, il s’agissait de se dire « au revoir », en une seule phrase mais qui soit la plus longue possible – et quitter l’atelier sans quitter l’écriture…

  

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