- Decameron Libero
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Trois odes à son île, partagées avec grand enthousiasme par Kathy Ferrari.
Paradisu
Mains de bois aux souches lourdes,
Jardins luxuriants et frais,
Le cœur léger,
Sans peine, mon corps se promène.
À la tombée du jour, allées parsemées,
Capiteuses senteurs
D'une fleur de feu à une fleur d'amour
Mon âme s'élève sans retour.
Souvent, au crépuscule sanguin
Je regarde ma terre.
Corps larges et noueux des troncs,
Ils m'entourent.
Je lève la tête
Observe ces géants de tissu végétal
Deviens toute petite
Ils sont ma famille, me protègent,
Ils me parlent.
J'effleure, caresse ce bois vivant
Accroche mes paumes à cette matière.
Robustes, paternels
Ils sont mon héritage.
Totems ancestraux, je vieillirai sans eux.
Les yeux fixés au ciel violine,
Leurs feuilles de vie tourbillonnent,
Ondulent délicatement
Vers ce velours profond.
Couleur rubis,
Couleurs infinies,
Rayons du jour et de la nuit,
Nature d'amour pour toujours,
Mon île, mon paradis.
Nature des Sens
Vois
L'oiseau maquis trame son nid
Dans la tulle ouatée des rayons d'or
À la tombée du jour, avec bonheur
Il se pose enfin sur les habits épineux
Des genêts sauvages ramifiés.
Entend
La source invisible de cascades vertigineuses
Usant le cœur rugueux du granit
Murmure de cette montagne dressée
Aussi fière qu'une femme.
Écoute
Le Libecciu couvrir ces vallées
Envoûtante voix aux intonations ancestrales
Calme la tempête, alanguit les éléments déchaînés
Sens
L'odeur naissante des fleurs de châtaigniers
Envolée mystique d'une induction unique
Semence procréative engendrée par ce sens primaire.
Goûte
Aux essences naturelles façonnées dans ce milieu hostile
Baies de myrte couleur violine
Virent en liqueur enivrante
Déversent une saveur douceâtre.
Le tanin s’atténue,
Trahit aisément les pensées des hommes.
Touche
Les pins larici millénaires
Plantés au bord des routes tortueuses,
Image irréelle, sublime,
Tuyaux de bois de cathédrales
Perforant la pureté du ciel.
Beauté, hardiesse,
Terre corse indomptable
Aux féeriques toiles de la nature.
Altezza Furesta
Ballantes, battantes, elles s’agitent,
Se déploient
Tournoient invariablement
Devant l'écran maternel du ciel
Rouge-brique, jaune-safran, vert transparente
Elles s’étalent sur le sol rouillé du retour,
Recouvrent les pierres froides de nos anciens,
Se plaquent contre la bruyère frémissante.
Au détour d’un sentier,
Mon corps se réchauffe timidement
Savourant la chaleur de rayons fugitifs.
L’air vivifiant cingle mon visage,
Ma tête légère bascule, je vis, je ris.
Je poursuis la bataille des saisons…
Mèches farouches combattent
Les bourrasques déchaînées,
Ces lieux de joie,
Ces lieux d’émoi.
Mais je capitulerai un jour
Pour sentir à nouveau
Les trésors de mousses odorantes,
L’exaltation d’exquis parapluies-bolets.
Aux pieds de majestueux conifères,
J’emprisonnerai les effluves volatiles
Des fleurs recroquevillées.
Devenir arbre, feuille, mousse, fleur,
Ressembler à ma majestueuse forêt,
Me mêler d'une nature si pure.
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