Quatre poèmes - Martin Dinkov

Martin Dinkov fait passer depuis son lieu de retraite quatre nouveaux poèmes…

HOMO SAPIENS

N’aime pas pour aimer.

Ne haïs pas pour haïr.

Ne joue pas pour jouer.

Ne deviens pas pour devenir.

Ne gagne pas pour gagner.

Ne deviens pas un homme pour pouvoir.

Ne deviens pas une femme pour être.

Ne meurs pas pour ressusciter.

Ne le fais pas. Tu ne peux pas. N’essaie pas.

Soit celui que tu es.

Mortel.

Coupable.

Laid.

Eternel.

Humain.

AMOUR

Le soleil se lève, nous mourons.

La lune brille, nous mourons.

Le jour commence, nous mourons.

La nuit commence, nous mourons.

Le vent souffle, nous mourons.

L’orage gronde, nous mourons.

On s’aime et on meurt quand même.

On divorce pour voir et on meurt

quand même.

On meurt toujours.

Sauf une fois.

Lorsque tu m’embrasses,

mon amour.

ASSASSIN

Tu t’en fous quand tu tires.

Tu t’en fous que la mère pleure son fils.

Tu t’en fous quand on te supplie.

Tu t’en fous que les autres souffrent.

Tu t’en fous quand tu bouscules les gens.

Tu t’en fous que la peur t’attende à l’angle de la rue.

Tu t’en fous quand on ne répond pas à tes appels.

Tu t’en fous qu’après toi ce soit le déluge.

Tu t’en fous quand tu es seul.

Tu t’en fous d’être seul.

Tu t’en fous.

Parce que tu as oublié l’arbre des rêves.

Il a séché.

Arrose-le. Il renaîtra, il donnera des fruits.

Cueille un autre avenir.

Tue l’ancien. Tu sauras comment.  

Assassin.

BONHEUR

Dans l’épaisse et profonde forêt,

des âmes perdues errent sans cesse.

Celles qui trouvent le chemin,

doivent vivre.

Elles commencent à chercher le bonheur,

un certain temps.  Puis, les élues trouvent

le chemin vers l’épaisse et profonde forêt

de l’ignorance.

Et elles sont de nouveau heureuses.

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