- Decameron Libero
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Mikaël Balmont offre un poème en trois temps, le temps pour un virus de passer… il faudra bien redéfinir notre présence au monde.
Avant (triptyque)
Corps luisants échoués
Seins et sueur emmêlés
Impressions d'été.
*
Un roulis sensuel
Un frottement contraint
Un monde de poussière
Sous les lourdes chaussures
*
Les jours passent et se ressemblent,
Seuls d'infimes rayons de lumière
Nous rappellent à l'infirme éphémère.
Pendant
Le vent décoiffe les pétales
D'un rouge qui claque sans un bruit,
Son cœur est sombre à rendre pâle
En hiver la profonde nuit.
Jeune fille aux cheveux fragiles,
Chaperon vert au regard noir,
Coquelicot au cœur des villes
Ne croise plus un de mes regards.
Des rues désertes, bitume froid,
Mistral sans obstacle est si doux,
Mon amie danse encore sans moi,
Voilà, le coquelicot s'en fout.
Les Hommes abandonnaient la ville.
Un Dieu frappait de son courroux
L'incessant bruit des vastes îles.
Mais le coquelicot, lui, s'en fout.
Fol espoir, ce n'est qu'une trêve,
Soit un prémisse, un avant-goût,
Et pendant que la Nature rêve,
Le coquelicot toujours s'en fout.
Ce matin-là l'écho des pas
A gagné le cœur des cités.
Au pied du mur hier vivait là
Un coquelicot qui s'en foutait.
Après (diptyque)
Nous avons déserté
Les espaces infinis
Plus un bruit
Dans la nuit
Nos minables tentacules
Nos agitations ridicules
Réduites au passé
D'une Humanité
Le temps n'est que données
D'un monde effacé
Plus un bruit
Dans la nuit
*
Il faut redéfinir notre présence au monde.
Mikaël Balmont
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