Stéphane Addicta - Mémoire en Père Mutations

Quand le thème « portrait de pères » dépeint une perversion sous la plume percutante de Stéphane Addicta.

 

Mémoire en Père Mutations

 

Percuté par l’annonce, perturbé par le thème, je replonge, perplexe. À l’instar d’un pantin désarticulé, orphelin de Père Sonnalité, je songe en perdition à celui qui était, qui n’était pas, qui aurait, ou n’aurait pas dû, être ce fameux Père là.

C’est l’uppercut. J’obtempère. Hypermnésique de ces expériences, je me laisse noyé au creux des perles de mes souvenirs, qui Père Dur. Mon cœur en percussion, je me rappelle dépérir d’un père malade de Père Version. 

Perfide, impérieux, préoccupé de sa seule prospérité, il m’aspergeait de ses incendies persuasifs alors que j’étais trop chétif pour m’en apercevoir. Avides de performance et de perfection, ses injonctions me Transe Père Sait les tympans. Alors, éperdu face à tant de violence, je coopérais. Dépersonnalisé. Je m’agrippais, désespéré, à son expertise, à sa permanence. Avec, en toile de fond, l’espérance d’une once de reconnaissance… Père dû d’avance.

Toujours en permission d’un Père en mission, je persistais malgré l’inopérable, perpétrant des attentats imperceptibles de sa place. Des conneries impersonnelles qui occupèrent mon imagination et que deux revers de sa main Dit Si Père. Les caresses de ma mère N’Est-Ce-T’on Père qu’une partie du feu sur mes joues, elle ne pouvait imaginer qu’il en était le responsable. Son compère, ce Con de Père. 

Mais un après-midi, aveugle de folie, c’est son corps tout entier qui se mit à frapper. Les coups de son amour en perfusion galopèrent sur ma chair ingénue, que ni les cris ni le sang ne Stop Père. À sa petite mort, un par un, ils Rend Père à ses pieds, et le soir venu, ils Sous Père à table, aux côtés de ce Père que ni les juges ni les dieux n’inculpèrent. 

À tous ces hommes qui dérapèrent, responsables du naufrage de mes repères. 

À ma perte, et à celle de mon Père. 

À mon Rat de Père.

 

 

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