Présentation : La poésie est un baume essentiel. Pour Sylvette Pietri-Couderc quelques mots apaisent les pires maux.
Cela arrive ainsi, au petit matin, à petits pas mais sûrement. Et vous voilà clouée au lit, effrayée à l'idée de vous lever. Et vous décidez de rester ainsi, sans bouger. Plus la force de vivre. Un poids vous écrase la poitrine, le brouillard est dans la tête et vous vous répétez " je suis morte, encore vivante, les yeux ouverts dans un cercueil fermé."
Les minutes, le temps sans mesure s'écoulent, oppressant.
Longtemps après, le regard se tourne vers le ciel bleu, " bleu comme une orange" (1). L'orange vous embarque sur un navire où " l'Albatros déploie ses ailes maladroitement et honteux "(2). Les ailes du désir, de la faim, " il est terrible le petit bruit de l'œuf dur cassé sur un comptoir" (3) ouvre timidement votre esprit qui s'envole vers ce " jeune soldat, souriant comme sourirait un enfant malade, avec deux trous rouges au côté droit " (4).
La déprime vacille et vous fait basculer vers la tristesse, une tristesse romantique, " la campagne mangeait l'odeur de ta jupe odorante"(5).
Enfin, un léger sourire et la respiration se fait plus aérienne. " Tes yeux (...) j'ai vu tous les soleils venir s'y mirer "(6).
Une douce nostalgie vous enveloppe, allège les épaules et entrouvre le cercueil.
" Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants (7)
J' entends Victor Hugo m'implorer " Waterloo ! Waterloo ! Morne plaine !" . Et les paroles de Barbara me parviennent, s'échappent de mes lèvres. " Il pleut sur Nantes, Donne-moi la main ..." Je pleure, je pleure. Enfin la vie renaît, avec mille émotions, effaçant ce vide abyssal qui m'a statufiée au petit matin.
La terre est bleue de P. Eluard.
L'albatros de C. Baudelaire.
Paroles de J. Prévert.
Le dormeur du Val d' A. Rimbaud.
Evadné de R. Char.
Les yeux d'Elsa de L. Aragon.
Soleils couchants de P. Verlaine.
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