Philippe Minot - Vers des vermines rêvées

 Vers des vermines rêvées

 

Reléguée pendant un temps indéfini dans des repaires à l’écart, depuis l’époque où elle s’était vue détrônée par le système des espèces désormais éteintes, l’autre faune revenait au jour par les sous-sols de la bibliothèque où l’on conserve les incunables, elle descendait des chapiteaux, sautait des gargouilles, se penchait au chevet des dormeurs. Les sphinx, les griffons, les chimères, les dragons, les hircocerfs, les harpies, les hydres, les licornes, les basilics reprenaient possession de leur ville.

Italo Calvino, Les Villes invisibles

 

 

La lune de sang

caresse les blancs amants

fait rougir leurs dents

 

au noir du tombeau

réduit au suaire en terre

faucille à la gorge

  

murmures des morts

les corps savent bien se taire

c’est parler encore

 

goules engouffrantes

aux gueules dégoulinantes

le cœur englouti

 

poison des lents temps

tors retors serpent du vivre

venin du lointain

 

la vieillesse serpente

plus vouivre que neuf Phénix

l’œil éteint s’égare

 

au reflet vitreux

médusée œillade double

pétrifiée d’intime

 

frayeur trilobée

dardant des feux enfumés

d’ardent artifice

 

dur unique rostre

cierge dardant le pur

en vadrouille au vierge

 

détour de la sente

faune d’abondance lance

sens et abandon

 

les arbres dégorgent

tout un petit peuple ailé

ébroue nos souhaits

 

korrigan ardent

brigandant brandes et landes

de ses brandons d’yeux

 

frissons d’homoncule

grimace de sec succube

fripée par fripon

 

décoiffer les fées

défaite des déités 

défoliées défuntes

 

nues femmes pagures

parées d’exotiques algues

encoquées aux conques

 

griffon du profond

fond et pourfend airs et chairs

fauchant les semblants

 

palustre tarasque

sous torte eau ataraxique

cachée queue d’acanthe

 

fort d’orage et foudre

nécrophore au feu plumé

voleur à l’enfeu

 

même après la pluie

l’arbre s’ébroue encore

un lutin taquin

 

nue queue écailleuse

et chant effrayant qui charme

frayer aux noyés

 

soleil nouvelé

qui renaît revit remeurt

plumage plus long

 

au galop barbare

rapt fauve à l’humaine attente

atteinte en sagesse

 

flibustier en buste

d’un feu ferblantier rouillé

la nef vogue au vague

 

flambantes écailles

bec friand truffe incendiée

quel trésor au feu

 

serpentant l’humaine

il tente sexe et savoir

en hymen bifide

 

faucon ou blanc merle

sans vol en sa tour d’ivoire

sa prison de vent

 

terreux homoncules

extrudés de boyaux sombres

criards pharmakon 

 

orageux sourcier

galopant rêves et nues 

chevauchant l’éclair

 

voguant au nid vague

l’alcyon pleure tour à tour 

ses atours d’amour

 

Table des créatures

 

Vampires..............la lune de sang

Vampire...............et revenant au noir du tombeau

Revenants............ murmures des morts

Goules................goules engouffrantes

Guivre..............poison des lents temps

Guivre.............la vieillesse serpente

Méduse.............. au reflet vitreux

Chimère.............frayeur trilobée

Licorne............... dur unique rostre

Faune.................détour de la sente

Fées..............les arbres dégorgent

Korrigan...............korrigan ardent

Jenny Haniver...........frissons d’homoncule

Fées..................décoiffer les fées

Femmes pagures...............nues femmes pagures

Griffon ...............griffon du profond

Tarasque..............palustre tarasque

Simorgh.............fort d’orage et foudre

Lutin.....................même après la pluie

Sirène..................nue queue écailleuse

Phénix............... soleil nouvelé

Centaure............... au galop barbare

Hollandais volant .............flibustier en buste

Dragon..............flambantes écailles

Satan............... serpentant l’humaine

Merlin................. faucon ou blanc merle

Mandragores..............terreux homoncules

Pégase................... orageux sourcier

Alcyon..................... voguant au nid vague

 

 

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