Juliette Paoli - Les mots du rêve roulent sur le lit de la rivière des buis

Les mots du rêve roulent sur le lit de la rivière des buis


L'été, j'ouvre la fenêtre, la persienne.
Je regarde bouger le charroi des étoiles. Elles s'effacent sous le blanc pâle de l'aube.

J'énonce le nom des lieux.

Ils sont véhicules porteurs d'images, de peurs d'enfant.

 

Cascia di Ghjannone,

La grande table de Junon.


La Muvrella ou petite mouflonne.


Piana Lupio, la plaine du loup.


Aghia a Serra, l'aire étroite.


Notre Dame de la Scubiccia

Notre Dame de la bruyère. 

 

Penta delle corbaghje

La falaise des corbeaux. 

 

Busso, la rivière des buis.

Dans la nuit chaude, la rivière roule bruyamment sur ses dalles de schiste.

 

Les odeurs se mêlent, remontent.

Buis, hêtres, aulnes, fleurs de châtaigniers.

Nous avions un moulin.

Il a perdu sa roue, puis ses meules de pierre et donc sa fonction, produire de la farine de châtaigne.

Le San Petrone, 1777 mètres, domine deux vallées Alesani et d’Orezza. 

Des nuages montent depuis la mer. Ils s'accrochent, occultent le soleil. Effet de mousson, la pluie est soudain là. Le sol chaud parfume l’air.

Des milans dérivent portés par le vent, quelques mouettes égarées offrent la lumière argentée de leurs ailes.

 L’énoncé des noms des lieux d’enfance me sont une colonne vertébrale mentale. Les sentiers de montagne sont les mots du rêve.

 

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