Une réflexion sur la fraternté, la sororité, dans la joie et dans l’adversité, par Sylvette Pietri-Couderc.
Fraternité-Sororité
J’ai toujours apprécié ce terme « fraternité » qui semble franchir les frontières, les générations, les siècles. Une ouverture vers l’autre, quel qu’il soit. L’adjectif est encore plus lyrique, fraternel ! Une invitation à vivre ensemble, comme des frères (oublions Caïn et Abel).
Dans certaines situations historiques, le mot a dû résonner différemment, de façon plus tragique, la fraternité dans les « camps »..., au cours de génocide, ou, actuellement, pour les migrants perdus en mer. La fraternité est une main tendue, compatissante qui, en creux, renvoie à la notion de solidarité, de responsabilité (Levinas) que l’on peut avoir vis à vis des autres, ceux qui sont en situation de fragilité.
Le mot « Sororité », lorsque je l’entends, que je le lis, je souris irrésistiblement. Une forme de douceur s’en dégage. Je sais qu’il peut prendre l’allure d’un réel militantisme féministe et j’y adhère, mais je ne peux m’empêcher d’y associer une écriture littéraire, cinématographique car cette notion semble si singulière, si nouvelle qu’il est bien de la laisser dans les mains de l’écriture pour qu’elle mûrisse de manière subtile, offrant ainsi des champs de créativité. On a toutes (j’espère) des « copines » ou des « amies » mais la sororité, qui va au delà des relations entre sœurs, comme il en est pour le mot fraternité, évoque un lien plus fort, une sorte de solidarité, de « survie » contre quelque chose d’oppressif. Un exemple, des femmes africaines qui décident de créer une communauté de femmes, rejetant « leurs » hommes brutaux, fainéants, exigeants. Ou les femmes afghanes, qui certaines sont devenues mes sœurs lors de séjours auprès d’elles, qui en cachette font l’école aux petites filles. Ces histoires sont de véritables témoignages littéraires, exaltants car elles démontrent que nos idées, nos valeurs humanistes ont besoin de ces situations tragiques pour en révéler leur nécessité, et pour résister.
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