Vannina Pintrel Beretti - Mon cœur s'enivre

Présentation : Écrire… une preuve de vie… pleine, entière, comblée, malgré les épreuves. Un récit de Vannina Pintrel Beretti

Mon cœur s’enivre

 

Mon cœur s’enivre quand la brise printanière au délicat parfum de maquis effleure mes joues, pendant que j’avance lentement sur le chemin de randonnée, où l’air encore frais du matin éveille mes sens. Je me laisse bercer par le chant silencieux des vagues qui déferlent au loin, et dont les douces caresses scintillent sous le soleil naissant. L’inspiration surgit de cette marche tranquille, en surplomb, alors que personne ne m’attend, et que mon corps, comme mon esprit, se régénère au regard de la beauté qui se déploie sous mes yeux. 

Des flots de pensées jaillissent alors en vrac et se bousculent dans une joyeuse farandole, des guirlandes de mots s’envolent ou s’échappent. Il me faut les attraper, mais pas tout de suite, je veux savourer l’instant, me laisser enlacer par la force des émotions qui s’emparent de tout mon être, je sens mon cœur s’élargir, des frissons sur ma peau. Il me faut conserver le sentiment de plénitude qui m’accapare à présent, ne rien en perdre. Je dois rentrer chez moi, sans parler à personne, ne rien diluer de ce que je ressens mais plutôt conserver ce trésor à l’abri, le déposer dans un écrin et l’emporter avec moi.

L'impérieux désir qui me submerge soudain me ramène ainsi dans mon nid, car c’est là que j’écris, à distance du monde. Sur mon clavier déambulent les mots au gré du cliquetis des touches qui s’animent frénétiquement sous mes doigts. Dans mon petit salon me voilà installée face à la table basse, l’ordinateur se tient fier devant moi, prêt à recevoir les phrases tristes ou joyeuses se formant sur l’écran. Le défilement sonore des lettres qui se dessinent en toute hâte me transporte ailleurs, comme le vent entraine où bon lui semble les feuilles amoncelées sur le sol. Je n’ai pas de prise sur ce qui s’écrit désormais ici loin du vacarme de la ville. Il demeure néanmoins certain que quelle que soit l’histoire que je raconterai, et que quels que soient les mots que j’emploierai, sans jamais rien y laisser paraître, entre les lignes tout parlera de toi et d’un amour infini.

Entourée de mes livres épars dans la bibliothèque, sur une étagère ou empilés n’importe où, je me sens sereine en ce lieu calme et lumineux, devant ma tasse de café chaud. Mon assise est confortable sur le tapis soyeux surmonté d’un plaid où est venu se caler, tout contre moi, mon petit chien plein de tendresse, qui par les mystères du hasard, est né le jour de ton départ. Ce que j’ai su bien plus tard, au moment de l’adoption alors qu’il avait déjà six mois. Si mes pensées te parviennent, tu seras ainsi confirmée dans l’idée que tout sur cette terre me ramène à toi, et ce dans la joie que tu m’as transmise par ton rire et par la force de ton amour.

 Ce texte répond à l’une des propositions de l’atelier d’écriture de Racines de Ciel. Le thème de l’édition 2023 était « les réécritures », soulignant le lien entre lecture et écriture.  Les propositions s’appuyaient sur des textes de Sheila Watt-Cloutier (Le droit au froid), Albert Cohen (Le Livre de ma mère), Antoine Ciosi (Peut-être qu’un jour), Baudelaire (La Chevelure).

 

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