Julie Leidier - J'y suis

On plane avant même de s’envoler ! Un poème de Julie Leydier

 

 

 J'y suis

 

 

Fraîche journée au début du printemps

Temps merveilleux, je ne suis plus un enfant.

Un de ces jours où l'on ne voit le ciel,

Un de ces jours où les nuages sont gris-miel

Ils touchent l'horizon

C'est le début de saison

Ils touchent et caressent

Les flots de leur ivresse.

Pas de rayon de soleil mais un doux parfum des beaux jours

Ils sont à venir, celui-ci c'est mon jour.

Il devait être environ quinze heures trente

Lorsque le moteur s'est actionné, sensation enivrante

Le sol sous mes pieds n'était plus le même

Autour de moi tous ces sons, un poème.

Moi, je suis à bord depuis plusieurs heures déjà

Assurer, prévoir, veiller, pas le moindre faux pas.

Tous ces points vérifiés présagent un doux voyage

Le premier de tant d'autres jusqu'à la fin des âges.

Les responsabilités ? peu de choses quand la passion est là

Ce dont on a toujours voulu être, et finalement le toucher du doigt.

Pour la mer, dans ma vie, j'aurai tout fait

Elle m'a mené jusqu'ici, avant ça j'étouffais.

Il faut dire que depuis petit, mon chemin était tracé :

Mon père avait fait beaucoup, il était à mes côtés.

Il fallait y arriver, c'était primordial

Je me suis permis le reste, le tout et le subliminal.

Pour lui rien n'a été facile, moi je vous dis le contraire.

De son point de vue, j'ai eu des difficultés scolaires.

Apprentissages, soutien, révisions,

Profs particuliers, je connais la chanson.

Il a pensé aussi qu'à la mort de maman,

ça a été encore pire, encore plus éprouvant.

Mais moi, je traçais mon sillage.

Papa était là, comprenait-il le message ?

M'accompagner et me soutenir, il était bien présent

Mais à l'annonce des résultats, il était surpris pourtant.

Pas moi.

Ma passion pour la marine a fait foi.

Après le départ de maman,

Je me suis révélé bon communicant.

« Vous résistez bien au stress », m'a-t-on dit,

Qualités intrinsèques quand j'étais apprenti.

Mais là, nous y sommes,

Sensation des grands hommes.

J'avais un peu automatisé

Mes gestes, mes mots et même mes pensées.

Maintenant tout m'incombe, je suis capitaine

Laissez-moi naviguer, c'est mon oxygène !

Derniers ordres pour le départ donnés

J'actionne les derniers leviers.

Ce moment fantasmé, cet instant.

J'y suis, c'est mon moment présent.

 

 

 

 

Ce texte répond à l’une des propositions de l’atelier d’écriture de Racines de Ciel. Le thème de l’édition 2023 était « les réécritures », soulignant le lien entre lecture et écriture.  Les propositions s’appuyaient sur des textes de Sheila Watt-Cloutier (Le droit au froid), Albert Cohen (Le Livre de ma mère), Antoine Ciosi (Peut-être qu’un jour), Baudelaire (La Chevelure).

 

 

 

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