Serge Muscat - La granularité du matin

Parfois, un simple regard peu changer la texture du matin. Pensées, par Serge Muscat.

 

La granularité du matin

 

 

Le matin, surtout en ayant peu dormi, m’apparaît comme étant granuleux. Le côté lisse de la soirée disparaît pour laisser la place à un monde fait de grains. C’est une étrange sensation qui est en même temps désagréable.

Le matin tout semble transfiguré dans une atmosphère de labeur. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt dit la maxime bien connue ; et pourtant le matin rien se semble m’appartenir. Le matin tout semble rugueux et laborieux, dans un paysage citadin de fin du monde.

Il nous faut alors regarder la prunelle de celle qu’on aime pour se dire que cette sensation est une fausse sensation et que la journée va être agréable. Cependant ce caractère de suractivité durant le matin me déconcerte un peu. Toute cette agitation dans la ruche humaine me met un peu mal à l’aise.

En ayant dormi seul, sans la présence de celle que j’aime, le jour qui se lève me semble blafard. Comment trouver de l’énergie sans avoir entendu quelques mots simples et gentils. Comment se sentir en confiance sans avoir vu le visage de celle que j’aime, au réveil, avant de faire sa toilette. Le matin, dans ces conditions, est irrémédiablement granuleux et ne possède aucune harmonie. Ce matin m’effraie plus qu’il ne m’attire. Et c’est pourtant chaque matin que je me lève avec en moi l’espoir d’un jour meilleur.

 

 

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