Louis Reynier - Bruit blanc

   

Le « bruit blanc » de la rivière évoque quelques réminiscences inquiètes à Louis Reynier

  

  

Bruit blanc

 

Comme la lumière blanche contient toutes les couleurs, un bruit blanc contient toutes les fréquences. On peut l’entendre sur un poste de radio réglé sur une fréquence où aucune station n’émet.

Tchhhhhhhhhhhhhhh.

Le bruit blanc a des effets apaisants, on fabrique des petits appareils qui génèrent du bruit blanc pour endormir les bébés.

Ado, je venais souvent me baigner ici avec mes copains. Au fleuve. « Fleuve », ça faisait sourire mes copains du continent. Le fleuve, chez eux, c’est la Loire, la Seine ou le Rhône. Ici, c’est un cours d’eau juste assez grand pour pouvoir y faire quelques brasses. On se baignait dans la grande vasque sous la cascade. Quand on débarquait, les truites se planquaient dans leurs trous. On nageait dans l’eau glacée. On jouait à celui qui resterait le plus longtemps debout sous la chute d’eau, la tête et les épaules sous le débit puissant. Après ça, je sortais de l’eau. Je m’allongeais sur le gros rocher, au soleil, pour sécher. Je fermais les yeux et je me laissais bercer par le bruit blanc de la cascade.

Aujourd’hui, la vasque n’est plus qu’une flaque verdâtre. Plus de grosses truites mais quelques têtards. Je suis assis sur le gros rocher au soleil. Je ferme les yeux et je n’entends que le silence. Le silence noir.

   

   

Avis aux lecteurs

Un texte vous a plu, il a suscité chez vous de la joie, de l'empathie, de l'intérêt, de la curiosité et vous désirez le dire à l'auteur.e ?

Entamez un dialogue : écrivez-lui à notre adresse nouveaudecameron@albiana.fr, nous lui transmettrons votre message !

Nouveautés
Decameron 2020 - Le livre
Article ajouté à la liste de souhaits