Doria Pazzoni - Trois pas de danse

  

L’art c’est de la joie…. Une envolée magnifiée par les souvenirs de l’enfance par Doria Pazzoni.

 

 

Trois pas de danse

  

Je passe souvent le soir devant les grilles du musée, je n’avais jamais remarqué l’élégance du style. Faut dire que cet éclairage lui va comme un gant. La rue est calme et j’ai le cœur en étincelles. Presqu’une envie de m’élancer. La lune et les lumières de la façade avec leurs jeux d’ombres m’inspirent. D’ailleurs depuis ce matin tourne en boucle dans ma tête l’amour est enfant de Bohême. Oui voilà me reviens à l’esprit l'Opera Royal de Liège où grand-père avait vu la Divina Maria Callas dans les années 70. Quand il parlait d’elle ses yeux s’enflammaient. La cantatrice grecque, l’Assoluta dans ses robes de princesse, entourée des meilleurs artistes de l’époque. La virtuose au charme flamboyant faisait son effet. Là… son souvenir jaillit comme par enchantement. Je me retrouve dans la cour du Palais Fesch léger comme un oiseau, enivré et heureux. Grand-père savait raconter les histoires. Son grand plaisir était de m’emmener dans des lieux culturels de renom. C’est ainsi que durant des années il m’a fait découvrir le Musée Fesch et ses trésors. Il avait un attachement particulier pour sa ville natale et en passionné d’œuvres d’art, il ne quittait jamais l’ïle sans y avoir fait un tour. 

Un pas de deux , un pas de danse Aiacciu Bellu la, la, la, la. Tiens , le cardinal Fesch planté là à mes pieds. Les souvenirs sont comme des fleurs qui renaissent, j’ai la tête dans les nuages et je décolle et je m’envole et la la la. Ah grand-père avait un immense respect pour ce généreux et cultivé personnage et moi aussi d’ailleurs. J’éprouvais même le besoin de grimper le retrouver, la la la la. Et l’écusson sur le ventre de la stèle ? Je me revois aussi loin que je puisse remonter dans ma mémoire tout petit enfant déchiffrer l’écriteau. J’ai débloqué la lecture grâce à lui. Je suis en automatisme plus rien ne m’arrête les images défilent. Joseph Fesch né à Ajaccio le 3 janvier 1763 , mort à Rome en 1839, grand aumonier cardinal et archevêque de Lyon, la ville d’Ajaccio reconnaissante, là… grand-père s’agenouillait et j’en faisais autant. 15 août, grand aigle de la légion d’honneur et là… j’avais droit à la fanfare, la couronne et l’aiglon. L’enfant prodigue de la gloire Napoléon la la la la. J’ai envie de hurler aaaaaaaaaaaaah de sauter comme une pouliche et d’embarquer sur son dos et je m’élance, je virevolte, je tournoie et cet air dans ma tête lalala. Là ce soir avec l’énergie vitale que j’ai dans mon ventre, je pourrais même sauter comme un agneau et je cours libre comme le vent, libre comme l’air, ô joie, ô bonheur, ô divine comédie et devant la Vierge à l’enfant de Veneto Bartolomeo j’entends encore grand-père : « Cachez-moi donc ce sein que je ne saurais voir ». J’y avais droit... Et je ris comme autrefois et je suis dans mes rêves d’enfant , je galope à perdre haleine. Je suis heureux. 

 

 Ce texte fait partie du compagnonnage mis en place entre Le Nouveau Décaméron 2022 et l’atelier d’écriture Racines de Ciel, animé par l’écrivaine Isabelle Miller, dans le cadre des activités littéraires du festival Racines de Ciel

Le thème choisi cette année était « Le musée imaginaire » articulé autour de plusieurs propositions successives.

La première proposition à laquelle le présent texte souscrit était : 

« L'effet miroir (chaque participant choisit un tableau qui lui ressemble)

 

  

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