Dominique Gaudin - Une harmonie parfaite

 

Une variation littéraire sur le thème de la fugue, par Dominique Gaudin.

 

  

  

Une harmonie parfaite

  

En ce début de matinée, déambulant dans la rue Fesch, mes pas m’ont conduit au Palais Fesch.

Comme tout visiteur, dès la grille franchie, je suis accueilli par le Cardinal, campé sur un socle de belles proportions, drapé dans son habit de dignitaire de l’Église, impérial!

Derrière lui, et à bonne distance car la cour est ample, la façade sur laquelle ombres et lumières se disputent l’espace, me séduit.

Au rez de cour, la série d’arcades est remarquable par sa simplicité, sa sobriété, son élégance.

Aux deux étages supérieurs, la succession des fenêtres de belles proportions confère à l’ensemble une harmonie parfaite.

Au dernier étage se devinent de petites ouvertures blotties sous le toit, humbles et timides.

Sur le flanc droit de la cour, la Chapelle impériale a quelque chose de l’Antique, avec son fronton, et le dôme que l’on aperçoit rehausse l’attrait du batiment.

Sur le flanc gauche, une oasis de verdure et de fraîcheur s’offre au visiteur ; je m’y assieds et je reste là en contemplation, ébloui, en harmonie avec le lieu, heureux... et me perds dans mes rêves.

 

  

 

À hurler

  

En ce tout début de soirée, déambulant dans la rue Fesch, mes pas m’ont conduite au "Palais Fesch".

Avant de franchir la grille, je m’arrête pour prendre la mesure de l’ensemble devant lequel je me trouve et je reste interdite : suis-je bien devant le musée des Beaux Arts?

Une caserne plutôt, une vulgaire caserne, sans âme,  tout ce qu’il y a de plus moche : dans la cour d’abord, immense et froide, un socle sur lequel un général ? Un haut dignitaire des Forces armées ? se dresse, figé...

Dans le fond, une façade sans cachet : au rez de cour une série d’arcades sans intérêt, les  fenêtres des deux premiers étages n’en ont pas davantage ; quant aux petites ouvertures qui sont collées au toit, elles sembleraient délabrées...

Sur le flanc droit de la cour, une construction qui détonne avec son fronton et le dôme qui la surplombe, quelle hérésie !

Quant au flanc gauche, un faux semblant de verdure... c’est à hurler, à maudire...

Quelle supercherie ! quelle imposture !... la démesure absolue, une verrue dans ce quartier aux ruelles étroites... je suffoque... tant de laideur... Je n’en peux plus,  je prends mes jambes à mon cou et je détale, fissa...

   

 

 

Ce texte fait partie du compagnonnage mis en place entre Le Nouveau Décaméron 2022 et l’atelier d’écriture Racines de Ciel, animé par l’écrivaine Isabelle Miller, dans le cadre des activités littéraires du festival Racines de Ciel

Le thème choisi cette année était « Le musée imaginaire » articulé autour de plusieurs propositions successives.

La troisième proposition à laquelle le présent texte souscrit était : 

« La cour du Palais Fesch, vue par un homme heureux puis par une femme malheureuse. »  

    

 

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