Liliane Vaillant - La morte saison

 

Une vie passe et le destin qui l’infléchit, inéluctable. Une mélancolie de Liliane Vaillant.

 

 

La morte saison

 

Deux fois traversant le fleuve

Le sinistre batelier

Mutique comme une veuve

M’a confrontée à l’épreuve

De la porte aux noirs piliers

 

Deux fois j’ai dit tu m’encombres

Avec ton zèle, passeur

Tu veux que parmi les ombres

Demain je ne sois qu’un nombre

De ton funeste labeur

 

Je sais que notre rencontre 

Est remise au lendemain

Je peux retarder la montre

Mais rien ne luttera contre

L’impitoyable destin

 

Ce soir je suis à la porte

Où il frappait en pleurant

Le vent d’automne m’apporte 

Une odeur de feuilles mortes 

Et de raisins pourrissants

 

À quoi bon vouloir comprendre

Où nos soleils s’enfuyaient

Nos mains flétries vont se tendre

Mais ne trouveront que cendres

Là où brasillait Juillet

 

Le chant du fils de Calliope

Dans son murmure esseulé

Ni les parfums d’héliotrope

Ni l’albâtre de Canope

Ne sauraient nous consoler

 

Adieu baisers, rires tendres

Adieu rondes et chansons

Même à qui ne veut l’entendre 

Mais qui ne peut s’en défendre

Viendra la morte saison

 

 

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