Joëlle Sansonnetti - La ville de l’autre côté

 

Promenade dans la ville des appétits de l’enfance, un récit de Joëlle Sansonetti.

 

La ville de l’autre côté

 

Suis-moi, je t’emmène dans la ville de l’autre côté. Prenons le bateau de mes jeunes années, si lointaines. Maintenant arrivés au Port du Retour, nous allons immédiatement au Port de la Glace onctueuse, celle de tous les dimanches avec mes parents. Admire tous ces bateaux de plaisance ! Avec un peu de chance nous allons pouvoir toucher un pompon rouge de marin, et faire un vœu.

Pressons le pas, et passons rapidement devant le Stade de la Mousse, que j’ai toujours trouvé insipide, mais incontournable. Ça y est, nous sommes au Marché des Saveurs inoubliables ! Flânons et déambulons au milieu de tous les légumes et fleurs du soleil, et si nous achetions nèfles juteuses et petits niçois! 

Ensuite nous partirons à la recherche du collège disparu, le CES de la Pomme Rouge, je vois encore son plongeon dans la verdure. Nous ne retrouverons pas non plus, tout près de là, l’École des petits Tutus meringués, qui a fermé après des années de kazachoks, mais je te montrerai les précieuses photos.

Nous sommes bien chargés, faisons donc une halte à la Gare des Pièces montées, avant d’emprunter le Pont de la Jupe groseille, celle qui flotte par jour de mistral. Ainsi nous voilà au Jardin des Copains d’une heure, qui ressemble à tous les parcs pour enfants. Il nous faut maintenant longer le mur de l’Arsenal de mes aigreurs, cette enceinte interminable symbolique de cette ville marquée par la poudre. Ne t’inquiète pas, elle s’arrêtera bientôt, et nous irons nous asseoir sur le banc face à la villa du réglisse, celui qu’il faut manger en cachette sous le lit. Cette villa, c’est celle où on apprend à faire du vélo, celle où on mange des framboises, celle du feu d’artifice, celle de la première poupée.

Pour clore la journée, il nous faut monter au Mont des sucreries, de là on pourra prendre le téléphérique du même nom. Je te préviens, il faudra être prudents et ne pas tomber dans le vertige de la nostalgie.

Ah zut, j’ai oublié de te montrer l’Opéra marbré au milieu de la Place de la crème, ainsi que la statue du Blanc en neige. Mais je suis sûre que tu vas accepter de revenir, pour que nous puissions continuer notre visite. Merci de m’avoir suivie, ça m’a fait plaisir de butiner avec toi.    

 

Ce texte fait partie du compagnonnage mis en place entre Le Nouveau Décaméron 2021 et l’atelier d’écriture Racines de Ciel, animé par l’écrivaine Isabelle Miller, dans le cadre des activités littéraires du festival Racines de Ciel.

Le thème choisi cette année était « Commémorations publiques, souvenirs privés » articulé autour de plusieurs propositions successives.

La quatrième proposition à laquelle le présent texte souscrit était : 

« Palais de mémoire ». Sur le plan d’une ville que vous connaissez bien, rebaptisez les rues, les places, les monuments selon votre géographie intérieure, puis tracez un itinéraire comme pour une visite guidée.   .

  

 

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