Une diatribe sévère, décalée en temps de liberté retrouvée, qui vitupère tous les inciviques, les couards et les exploiteurs. Un envoi (comme on envoie un coup de poing) d’Antoine Tranchet.
Permission de sortie
Faisons fi de nos soucis.
Après nous être terrés pendant des semaines,
Après nous être tus pendant des années,
À quoi bon la ramener ?
Pourquoi avoir enduré les mesures de confinement,
Pourquoi avoir subi le chômage partiel,
Pourquoi avoir suivi les actualités comme un mauvais feuilleton dominical,
Si c’est pour s’entasser les uns sur les autres, dans la file d’attente d’un glacier, au premier rayon de soleil ?
Voilà que maintenant,
Dans les rues, dans les jardins,
Ce ne sont plus les mégots qui gisent ci et là,
Ils ont vite été remplacés par des masques à usage unique.
Sans convictions, sans opinions,
Voilà que le monde suit toujours ses chefs comme des pions,
Tout pourrait bientôt recommencer,
Qu’ils n’oseraient toujours pas moufeter.
Ces gens-là n’apprendront donc jamais ?
Renoncer à leurs sushis livrés par des esclaves,
Se passer des nouveaux écouteurs à 500 balles,
Est-ce trop leur demander ?
On aura débloqué des fonds pour sauver les fabricants d’avion,
On aura libéralisé cet affreux code du travail pour aider les entreprises,
Par contre, pas fichus d’intervenir comme il faut,
Allez, quelques applaudissements, à défaut.
Permission de sortie, à quoi bon ?
Pas sûr d’avoir envie de les revoir tous ces cons.
Pour qui dépenser leur argent,
Est plus important qu’appeler leurs grands-parents.
Pour grogner contre un chef d’État c’sont les premiers,
Mais ce qui les énervent plus encore sont leurs vacances annulées.
Comprendrez-vous que déconfinement
Ne rime uniquement qu’avec places disponibles en réanimation ?
Va bien falloir arrêter,
Je crois qu’Amazon, Google, Netflix & Co n’ont pas encore assez de mes données
Vivent ce salaud d’internet-roi
Et son somptueux associé, le capitalisme éternel.
