- Le Nouveau Décaméron
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Jean-Pierre Santini, l’écrivain-éditeur est emprisonné depuis le 10 octobre sous le régime de la détention « préventive ». Contre l’arbitraire et pour servir de chambre d’écho à l’émotion partagée par de très nombreux auteurs de Corse ou d’ailleurs, Le Nouveau Décaméron ouvre ses colonnes.
1
Il y a de l’immortelle dans cette bière
Blonde
Petits soleils d’or
Dit-on de l’hélichryse
Qui cicatrisent les bleus dolents
Immurtale
Il est comme de la fleur
Des âmes qui ne fanent pas
La mousse frémit à peine
Il est si rare que je décapsule le verre
Le sceau de métal a sauté sur la table
L’œil ambré de la lumière
Glissée de la lampe de mon bureau
Regarde par étincelles
De la bouteille, le petit chapeau
Je verse dans un verre à eau
Le lambic jaune pâle
Le bord s’ourle d’un peu de dentelle
Je songe aux astres odorants
Parfumant nos montagnes
Je songe à la liberté du vent
Aux sabots de nos chèvres gitanes
Aux aigles fondant sur les rochers
Alors, je lève mon godet
À la santé des hommes de chez nous emprisonnés
2
Une table, une chaise, une feuille de papier
Sous le mot liberté
Je trace une ligne tranquille
Que traversent les cafards veinards
La nuit
Un lit, une fenêtre, une feuille de papier
Pliée en mode avion
Je lève la main pour l’envoler
D’une lézarde dans le mur, s’ouvrent deux papillons
Amoureux, ils se poursuivent
Voltigent entre les ombres et les rayons
Se posent sur mon nez
Non mais… Voyons !
Un bout de ciel, un nuage crevé, une feuille de papier
Je dessine des cordes de pluie
Semblables à des barreaux
Et la ferraille se noie dans la page mouillée
Il y a un trou
Dans le trou un coin de mer
Une fleur d’azur
Qui sent la myrte, le figuier, les agrumes
Une vaguelette échoue sur mon visage
S’en va mourir
Peignant là un liseré d’écume
Tu sais, c’est un sourire
Mais oui, c'est un sourire
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