Florian Galinat offre un second texte de confinement, toujours aussi poétiquement profond.
RESTEZ CHEZ VOUS !
L’injonction de la liberté vient de tomber, elle résonne sur la matière froide des villes désertes. Au loin on ressent les vibrations de la vie qui s’organise derrière la danse des rideaux. Dans les appartements sur la terre stérile du quotidien, l’imaginaire luxuriant explose.
Comme une respiration, la cage s’ouvre sur les sentinelles de papier des histoires non lues. On pénètre les petits mondes au fond des boîtes, dans les angles de nuit des étagères où les mots oubliés, les tickets de cinéma enflamment les bougies de la vie.
Les matières se répondent. La chaleur des tissus absorbe la fraîche rosée des tomettes, les toiles encadrées embrassent leurs reflets sur la buée des miroirs.
Soudain l’envie de pousser le cri de l’adulte. Déchirer la tente de l’âge pour libérer la tête de l’enfant. Retrouver la douceur des cubes de bois, l’odeur prohibée des mines feutrées et tous ces mondes imagés, désertés par l’ennui.
Les petites natures poussent dans le cadre d’un tableau, les corbeilles et les pots sont ces parcelles de vie que l’on cultive pour l’âme des Hommes aux mains de terre.
En suspens dans le salon, la caresse du crayon de l’artiste frôle la peau du dessin. Peu à peu le frisson révèle l’intense sensation de la chaleur du balcon, perchoir de tous les rêves des mondes confinés.
