- Decameron Libero
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Liliane Vaillant envoie deux nouveaux poèmes empreints d’une douce mélancolie…
Nous n’irons plus danser
Nous n’irons plus jamais
Au soir tourner les mais
Ni à l’aube en forêt
Pour cueillir le muguet
Entrez dans la danse
Voyez comme on danse
Et dansez aussi si vous voulez
Si vous pouvez
Nous n’irons plus danser
Les violons sont cassés
L’oiseau qui hier chantait sur cette branche
Est mort et c’est printemps et c’est dimanche
Lui ne reverra plus fleurir la pervenche
Ni le lilas, ni au verger
Le voile blanc de l’oranger
Nous n’irons plus jamais
Au pays que j’aimais
Nous n’irons plus au bal
Les soirs de carnaval
Entrez dans la danse
Voyez comme on danse
Et dansez aussi si vous voulez
Si vous pouvez
Nous n’irons plus danser
Les violons sont cassés
Chaque jour le temps nous prend, le temps nous mène
Griffes menues de semaine en semaine
Et les parfums des iris et des verveines
Font renaître des souvenirs
De bonheurs morts qui font souffrir
Entrez dans la danse
Voyez comme on danse
Et dansez aussi si vous voulez
Si vous pouvez
Nous n’irons plus danser
Les violons sont cassés
Nous n’irons plus jamais
Flâner le long des haies
Où l’aubépine en fleurs
Nous épinglait le coeur
Entrez dans la danse
Voyez comme on danse
Et dansez aussi si vous voulez
Si vous pouvez
Nous n’irons plus danser
Les violons sont cassés.
Novembre
Soudain, j’ai retrouvé l’odeur d’amande amère
Imprégnant le papier des livres tant relus
Et de chers souvenirs alors sont revenus
Pour me parler de toi, ma mère
Des échos de chansons et des éclats de rire
Des éclairs de soleil, un bonheur entrevu
Fine toile d’aragne au tissu si ténu
Qu’un souffle de vent le déchire
De cet amour jaloux exigeant, égoïste
D’un désir de fusion et d’un accord parfait
Je ne comprenais pas combien je t’étouffais
Plus je t’aimais plus j’étais triste
Si je me suis fait mal c’était pour mieux t’atteindre
Pour que de ton regard tu m’aides à exister
Si je t’ai fait souffrir, si je t’ai affectée
C’était, je sais, pour mieux me plaindre
Il est venu le jour où tu m’as dit je t’aime
Mais il était bien tard les jours avaient passé
Et novembre le triste avait noyé l’été
Dans son parfum de chrysanthème
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