Anne Benedetti a l’esprit vagabond, elle nous entraine à sa suite…
L’éternel retour…
Vagabondages de l’esprit
Ce thème de l’éternel retour m'évoque spontanément une chanson de Jean Ferrat qu’écoutait Maman, quand j’étais petite.
Je rassemble mes souvenirs, fredonne quelques mesures et après réflexion, me dis que ce doit être « Deux enfants au soleil » qui parle des premières amours adolescentes, qui naissent et s'épanouissent comme des fleurs au soleil.
Je la réécoute pour être bien sûre, mais non ... Cette chanson ne parle pas de retour mais de recommencement : "Et c'était comme si tout recommençait", écrit et chante le poète.
J’y suis : c’est Joe Dassin que j’écoutais adolescente, qui dans sa chanson « À toi » évoque « l’éternel retour de la chance »…
Éternel retour ou éternel recommencement, n'est-ce pas finalement un peu la même chose ? Je crois, tout bien pesé, que dans l'association de ces deux mots « éternel » et « retour » c’est bien la notion d'éternité qui prévaut, en nous renvoyant au divin.
Divin... Tiens, me voila repartie pour le pays de l’enfance, rivée à la télévision devant « l'éternel retour » – la légende de Tristan et Iseult et du philtre d'amour revisités par Jean Cocteau – que je découvrais, inconsolable, un après-midi de vacances, il y a quelques décennies. Madeleine Renaud et Jean Marais, beau comme un Dieu bien sûr, seuls contre tous et maudits évidemment, mais unis par un amour qui sera sans fin.
Sans fin... Mon esprit, sautant allègrement d'une idée à l'autre dans un cheminement fantaisiste, m'entraine maintenant vers l'éternel renouveau, qu’incarne magistralement la Nature.
S’imposent dans mon esprit, au travers d'images défilant devant ma rétine et de sons concordants, le cycle des saisons – succession de solstices et d'équinoxes –, le pas-de-deux du jour et de la nuit, le ressac – flux, reflux, musicalité des vagues –, les marées – montantes, descendantes –, la lune – pleine, nouvelle, noire –....
Tous ces phénomènes intemporels, immuables, obstinés qui illustrent admirablement les notions d’éternel retour. Ne parle-t-on pas des lois de la nature ?
Et me reviennent en écho les paroles d’une chanson, dont l’origine m’échappe, qui parle « du jour qui se lève et se relève de tout », sous-entendu quels que soient les drames personnels qui peuvent ponctuer les vies humaines.
Cette belle constance rassure, autant qu’elle désole.
Car quand l’homme est dans les ténèbres du malheur, il lui semblerait assez naturel de rester dans les ténèbres de la nuit.
Ces mots « d’éternel retour » pour peu qu'on les interroge, éclairent notre fragile condition d'êtres précaires, impermanents, et qui ne reviendront pas.
Et s’opposent parfaitement, à l’éternel retour des cycles d’une nature, séculaire et entêtée.
Le malheur – souvent la perte d’un être aimé – nous remet à notre place de minuscules passants qui évoluent ici-bas le temps d’un fugace instant, et nous rappelle notre condition d’invités de la terre.
Trois petits tours et puis s‘en vont… encore l’enfance.
Et pourtant, après un temps qui diffère selon les individus, la pulsion de vie, puissante, plus forte que le chagrin, jaillit de nouveau comme un torrent et nous emporte, et nous ramène.
Et c’est l’éternel retour de la vie toujours précieuse, quels que soient les épreuves traversées qui reprend le dessus, comme la lumière du jour sur l’ombre de la nuit.
Et la boucle est bouclée.
Et l'alpha et l’oméga de ma divagation sur l'éternel retour, arrive à son terme.
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