James Lovell partage sa lettre à l’aimée… une déclaration passionnée, un amour à construire.
Chère Maria,
Je ne sais qui vous êtes mais déjà vous me manquez, mon âme est faible comme toujours à vouloir s'opposer aux destins que nous imposent les sentiments. Je m'y refuse, sans raison et de toute ma raison, mais mon cœur lâchement abdique, ainsi il sait qu'il ne sera pas le seul à subir le courroux de l'amour. Pour moi ce n'est plus un jeu, ça ne l'a jamais été, c'est à nouveau un abîme, sans fin, je le connais par cœur, il porte la noirceur d'un tableau de Soulages, c'est aussi la montagne que mille fois comme Sisyphe j'ai voulu gravir sans succès et je suis à nouveau à vos pieds, condamné par vos silences et mes absences. Nos prisons de conformisme se font face et chacune est l'otage d'univers parallèles qui ne se rejoindront jamais.
J'aime la mélancolie quand elle me ramène vers une personne qui me manque, cette personne qui me fait sentir un frémissement de bien-être délicieux et profond. Je n'aime pas la mélancolie qui me ramène au vide.
Comme ce soir, ou de très nombreux autres soirs, je hais cette seconde forme de la mélancolie, elle m'empêche d'écrire, de sourire, d'être impatient.
C'est le désert mais c'est ainsi. Il faut que je m'échappe vite de cette vie, elle me tasse dans mes obsessions et dans mes tristesses...
Souvent les personnes qui m'intéressent pensent que j'aime avant tout l'amour, c'est faux je sais aimer les personnes, de toute mon âme jusqu'à en être pathétique.
La vérité n'est pas que je ne sais aimer mais que je ne sais pas vous aimer vous, parce que c'est trop grand et trop beau et que moi je suis trop petit pour une grande dame avec un si grand amour pour moi que je ne mérite pas.
L’autre soir, j'ai ancré mon regard à vos yeux et rien ne pouvait décrocher mon ancre. Un vide magique et une quatrième dimension se sont créés et nous ont isolés. Vous voyez, il m'en faut peu pour avoir un peu de joie. À cette heure, j'y suis toujours ancré jusqu'à ce que ma mémoire, peau de chagrin, ne daigne plus préserver ce moment si précieux.
Vous vous êtes immiscée dans tous les recoins de ma tête, vous êtes présente à chaque instant dans mon esprit, le jour, la nuit, le jour que je sois en réunion, en train d’écrire, de travailler, que je lise, quoique je fasse, vous êtes là et la nuit pendant mon sommeil, une petite lueur derrière le voile des rêves me rassure toujours de votre présence.
Je voudrais prendre votre main, regarder vos yeux et voir, tout au fond de votre âme, le reflet de mon visage, qui lentement, jour après jour se révèle à votre cœur, de la même manière que votre douceur et votre grâce ont déjà marqué le mien à jamais.
Il y a, en effet, ce regard d’une force et d’une douceur infinies, je voudrais m’y blottir, m’y retrouver et non pas m’y perdre, un regard qui pourrait dangereusement me brûler d’amour car j’y vois aussi, presque imperceptible une marque de tristesse, passée ou mélancolique, qui donne à l’homme qui sait observer, l’envie, certainement déplacée, de vous protéger, une fragilité réelle mais certainement assumée qui part de votre âme pour envelopper mon âme dans une condition d’empathie si forte qu’elle pourrait, si je n’y prend garde, amener à la lisière de mes yeux quelques larmes retenues depuis trop longtemps.
À chaque instant, je ressens l’envie irrésistible d’envelopper votre si doux visage dans mes mains immenses et disproportionnées, de déposer de petits baisers sur votre bouche merveilleuse et enfin, bien sûr, de glisser jusqu’à votre cou pour en humer le parfum, vous ne pouvez imaginer ce que votre cou fait naitre en moi, de douceur, de tendresse, de sensualité et d’érotisme.
Vous voyez, je perds déjà la tête, mes nuits sont envahies de caresses partagées, extrêmes et définitives… les désirs, sensuels, érotiques et sexuels ne sont pas pour l’heure dans nos priorités mais je m’y abandonne, le soir venu, comme si nous étions de vieux amants.
Mon cœur parle à mon âme et enfin, je retrouve cette envie, je ne dis pas espoir, d’avoir une perspective d’avenir qui pourrait à nouveau porter le nom d’amour.
Ne me suivez pas trop loin, pas trop vite, c’est vous qui conduisez magnifiquement ce jeu de la découverte et je m’y soumets avec délice.
Bien à vous chère Maria,
De toute mon âme…
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