- LND 2024 - avril
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Yves Rebouillat nous emmène dans une balade berlinoise, au printemps lointain de deux jeunes amants.
Un printemps à Berlin
Berlin balafrée était magique
Témoin amnésique
De leur amour éperdu
Malgré le mur à cause du mur
Et tous les conflits du siècle
Ces démonstrations hystériques
Elle s’appelait Karin
Elle était belle
Il n’aimait qu’elle
Libertine elle les aimait tous
Amis un brin fous ou lucides
Solides ou fortuits
Solaires surtout les nuits
Lunaires le jour
Gentils généreux instruits
Graves rieurs bavards élégants
Feux follets déchirants
Des instants éphémères
Vivant dans Kreuzberg
Parcourant à pied à moto
Le Kurfürstendamm
Allant respirer à Tiergarten
Enfouir quelque peine
Têtes en l’air cœurs exaltés épris
Humer les parfums du printemps
Composer des bouquets de couleurs
Se rouler dans l’herbe tendre
S’embrasser s’enlacer
Danser sous les ramures des arbres
S’enivrer aux fontaines d’eau
Se caresser en riant
Les traces de la guerre étaient profondes
Tous en ressentaient les ondes
Froide elle restait hideuse
Derrière le rideau de fer
Côté RFA
Près de Checkpoint Charlie
Perchés sur les échafaudages
Adossés au Mur
Depuis les planchers des plates-formes
Ils invectivaient les VoPos
Survivants ou équivalents nazis
Les nuits ils dansaient
Dans des salles clandestines
De bars provisoires
Un soir de fête foraine
Après des tours de manège
D’inattendues bourrasques de neige
Un bal populaire
Le lendemain
Un concert à la Jazz Galerie
Un quintet, un guitariste de génie
Après tant de décennies
Il ne sait plus qui
Il préférait le rock et le blues
Creedence et Cream, Mayall et Redding
Les chanteuses de Tamla Motown
Elle disait qu’ils s’aimeraient
Dans vingt ans encore
Il n’a pas osé la croire
Ni une nouvelle fois la revoir
C’était trop de passion de liberté
D’ivresses de vertiges
Amer retour à Paris
Aujourd’hui ils échangent encore
À très grande distance
L’un de l’autre
Et de leur jeunesse
Depuis longtemps ses printemps
Sont moins étincelants
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