Louis Reynier - Vie 2.0

Louis Reynier vient nous conter l’histoire d’une vie virtuelle… un paradis artificiel ? 

Vie 2.0

 

 

— Bill, vous m’entendez ?

— Oui… Qui êtes-vous ? Où sommes-nous ?

— Je suis Angela ! Je suis là pour accompagner votre réveil.

— Vous avez une très belle voix, Angela. Très douce. Je sors d’une anesthésie ? Encore une opération ?

— C’est plus compliqué que cela, Bill.

— Pourquoi sommes-nous dans le noir ?

— Nous devons d’abord faire la lumière en vous, Bill. Ensuite, nous sortirons de l’obscurité… Pourriez-vous me donner vos nom, prénom et date de naissance ?

— Mon nom est Bill Gates, je suis né le 28 octobre 1955.

— Très bien. Parlez-moi de vous, Bill.

— Je travaille dans le logiciel. J’ai fondé Microsoft en 1975. Je suis un des hommes les plus riches du monde.

— OK, tout le monde sait cela. Des problèmes de santé, Bill ?

— Oui, récemment j’ai développé un cancer qui est en train de se généraliser. Vous venez encore de m’enlever une tumeur ?

— Nous y viendrons, Bill. Plus tard. Vous rappelez-vous avoir souscrit une assurance un peu particulière ?

— Oui. Je vois de quoi vous voulez parler, Angela. L’assurance « Vie 2.0 » ?

— C’est cela. Rappelez-moi en quoi consiste cette assurance.

— La société d’assurance s’est engagée à cryogéniser mon corps après mon décès et à me ramener à la vie dès que la technologie le permettra. Ça m’a coûté une fortune, mais comme le dit l’adage « Un linceul n’a pas de poches »… Ah, alors nous en sommes là ?

— Vous avez compris, Bill.

— Je suis donc mort. Et vous venez juste de me sortir du congélateur, c’est cela ? Angela, en quelle année sommes-nous ?

— Il s’est passé beaucoup de temps depuis la cryogénisation de votre corps, Bill. Le monde a bien changé, vous savez.

— Qu’est devenu notre planète ? Avons-nous enfin résolu les problèmes liés au réchauffement climatique ?

— Je suis désolée, Bill. L’homme n’a pas réussi à arrêter le changement climatique. L’humanité n’a pas réussi non plus à empêcher son extinction. Je ne suis qu’une machine, Bill. Une intelligence artificielle. La terre est aujourd’hui peuplée d’ordinateurs qui pensent et de robots qui accomplissent leurs basses œuvres comme la fabrication et la maintenance de leurs circuits.

— Alors je suis le seul homme sur Terre ?

— Vous n’êtes plus un homme, Bill. Votre corps était en train de se décomposer. Il était impossible de vous ramener à la vie. Nous avons juste pu récupérer votre cerveau, le temps de le numériser avec toutes vos pensées, tous vos souvenirs. Nous l’avons ensuite transféré dans la mémoire d’un ordinateur. Vous n’êtes plus qu’un programme informatique, Bill.

— Alors, notre conversation n’existe pas, Angela ! Pas plus que ce noir autour de nous.

— En effet, tout cela n’est que virtuel. C’est une simulation informatique. Un échange de données géré par des lignes de code.

— Je peux donc faire apparaître la lumière maintenant et nous donner des apparences humaines. Nous pouvons aller où bon nous semble !

— Oui, tout ce que vous pouvez imaginer est possible et réalisable, Bill ! C’est un monde virtuel.

— Je suis mort. Je ne suis plus qu’un pur esprit, immatériel. Mais alors, je suis au paradis ! Venez danser avec moi, Angela. Musique ! Et chantons ensemble : « Heaven, I’m in Heaven… ».

 

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