Florian Galinat - Frère intérieur

Lettre à un frère proche et lointain, pourtant présent depuis toujours…  Par Florian Galinat

(Thème : fraternité / sororité)

 

 

 

 Frère intérieur

 

 

 

Cher Frère,

 

Jai longtemps imaginé t’écrire cette lettre. Ce désir chaque jour je lavais en tête. Il m’était agréable car il me rapprochait de toi, cest pour cela que je l’ai gardé tant d’années. À chaque volonté de lencrer sur la feuille il disparaissait. Lassouvir c’était te perdre. Mais les années passent. Récemment je me suis rendu compte quelles me volaient certaines images et de nombreuses paroles. À ne pas t’écrire je te perdais finalement.

 

Notre première rencontre ce fut un soir sous une Lune qui avait voilé le ciel noir. Je sortais dun chemin de nuit et je souffrais de ce vent salin qui faisait hurler la Mer. Sur cette plage au loin cette grotte qui taccoucha, toi qui semblais venir de lintérieur de la Terre. Nous avions gardé le Silence et nous marchions vers le jour qui s’éveillait. Tu me ressemblais beaucoup c’était assez troublant. Ton apaisement cependant semblait nous distinguer. Nous nous étions installés à la lisière des tamaris sur un tas de Pierres, mon assise était bancale et tu mavais souri. Ce moment fut si fragile quun simple mot aurait brisé l’œuvre du souffleur de Silence. À lintérieur de moi, du vide. Seulement des os, de la chair et le mécanisme. Se sont engouffrés ensuite les maux. Il fallait tout rebâtir. Sous ce ciel de plomb tu tes levé. Après trois pas seulement tu es resté droit, immobile et tu as gardé le regard haut posé sur larête lisse de la montagne. Tu attendais. Je suis resté derrière toi, fier de notre rencontre. On vivait un moment détaché de toute temporalité. Mes pensées ne cherchaient plus à fuir en avant pour en laisser dautres les suivre. Elles restaient près de moi, fidèles, douces et chaleureuses. Le présent s’épaississait. Soudain, l’incendie du Soleil sest déclaré en montagne embrasant les cierges résineux. Un rayon de vraie lumière ta caressé le visage pour venir sur le mien. Jai fermé les yeux puis jai compris ce que tu voulais me dire. À ne pas parler on ressentait les choses plus fortement.

 

Nous avons continué le chemin ensemble sans rien se dire, c’était la règle. Tu mas appris à parler avec le cœur. Au début parfois puis aujourdhui tout le temps, il me parle de la beauté du monde avec cette voix forte et vibrante, si harmonieuse. On a ainsi voyagé ensemble toute ma Vie.  

 

Florian…

 

 

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