Edito de septembre 2022

 

Le jeu du mot

Au début, nous nous étions dit que proposer des thèmes ça faisait sérieux pour un blog collaboratif. Alors on en proposait. Il nous fallait trouver ce qui ce qui pouvait (r)éveiller l’envie d’écrire chez tous ceux qui viendraient se balader entre les billets postés sur le blog. Un brin d’émotion, un brin d’évocation, une dose de mystère et une invitation à s’engouffrer dans l’espace ouvert et voilà le « thème » était là. Et il suscitait en effet des désirs, parfois beaucoup, parfois moins. C’était curieux à observer. Des thèmes très inspirés n’inspiraient rien et d’autres trouvés comme on cueille une fleur dans un champ (pourquoi celle-ci et pas une autre ?) étaient repris en nombre, parfois des mois après.

Pourquoi ? Je ne saurai pas vraiment le dire, sauf à enfoncer quelques portes ouvertes.

Écrire sur un thème, c’est s’emparer des mots d’un autre et jouer perso sa petite musique, son petit solo. Comme au jazz la trompette reprend les phrases du piano ou de la guitare et rajoute les siennes. 

Parce que quelque part, le chjam’ è rispondi (« Appelle-moi que je réponde ! »), nous est jeu essentiel.  Nous avons besoin de répondre à des questions… Mais c’est une sociabilité ouverte. Ce n’est pas répondre à l’interrogatoire. C’est chanter à la cantonade sur un air saisi à la volée en croisant quelqu’un qui sifflotait. Loin d’une réponse scolaire à une question creuse, c’est la liberté prise de reprendre, de tordre, de retourner l’argument, voire de botter en touche ou même carrément de divaguer. C’est un jeu d’intelligences partagées. Une tentative de connivence…

Un mot suffit donc à éveiller l’imaginaire ou les souvenirs, car ils attendent dans le fond la moindre occasion. 

Si je dis « bicyclette », chacun sent l’histoire venir à lui : celle de son premier vélo, de son premier élan « sans les petites roues », l’air vif sur ses joues, la peur de tomber, l’envie à mourir du « rouge, là, avec les rétros et les freins, dans la vitrine », la déception de voir partir les autres sans vous au bout de la route en quelques secondes et quelques coups de pédale, l’effroi d’avoir perdu un ami proche… 

L’émotion de toutes les histoires est la substance même du mot. Anodin, galvaudé, creux, moche… flamboyant, excitant, imagé, musical, n’importe quel mot porte des centaines d’histoires. Il suffit de le lancer comme un défi et l’on vous répondra ! 

C’est pourquoi nous passons le mot. C’est un jeu entre nous.

Le jeu du mot est ici chez lui.

 

Thème du mois de septembre : 

« En un mot : arbre » 

(souvenir, description, récit, dialogue,… pourvu qu’il y ait un arbre !).

 

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