Quatrième de couverture
Apollonie est une jeune femme corse qui, comme la majorité d’entre elles, en ce début du xxe siècle, rêve d’un destin fait d’amour. Son fiancé est celui qu’elle a choisi et qu’elle désire. Mais dans cette rude vie de paysans accrochés à leurs terres, dans cette vallée du Taravu pétrie de traditions, le drame rattrape aussi les innocents…
Drapée dans son choix, maintenue tout juste vivante par un espoir irradié par la pureté de ses souvenirs, égrenant les jours de la vie aux côtés des siens et participant avec courage aux bouleversements de ce siècle, Apollonie attend le retour du bagne de Jean-Baptiste…
Ce premier roman de Sylviane Pantigny est une surprenante révélation.
Si le style commence par déranger nos habitudes littéraires, il s’impose rapidement comme une évidence : au lecteur de prendre ses marques, de s’imprégner des odeurs et du décor et de trouver son propre rythme pour traverser avec quatre générations de femmes corses un siècle de chaos, de tourmente, de guerres, d’amour et de larmes.
Ici, le temps est en totale contradiction : paisible sérénité comme s’il n’existait plus, et puis cette course effrénée à travers les années, pour ne rien manquer… ou pour tout rattraper.
Plus qu’un roman d’amour, c’est aussi une intrusion violente dans l’intimité des Corses, un regard sur l’île et une version peu connue de son attachement à la France.
Mais qui est la véritable héroïne ?
Apollonie ? La Corse ? La Femme ?
Les trois sont enlacées, bouleversantes d’intimité et de pudeur crue.
L’une n’est rien sans les deux autres, et cette histoire ne pouvait pas exister autrement qu’à travers elles. Apollonie et les jours est une saga étourdissante de vérité, à l’image de la patiente Apollonie et de sa foi infaillible au bonheur.
Extrait
« Tu te rappelles d’Altagène, de ce que tu m’as donné la première fois que nous nous sommes vus ?
– C’était des œufs de mésange, de mésange bleue, murmure Apollonie.
– Veux-tu être ma femme ? » Au moment où il prononce ces mots, sa voix se fêle un peu. Il ne savait pas qu’il allait les dire. Mais la voix d’Apollonie qui lui répond est claire, alors il élève la petite main de la jeune fille, la retourne et y dépose un baiser.
En ce jour de mai de l’année 1912, que pourraient-ils craindre ? La guerre est encore loin, ils ne peuvent même pas la sentir approcher. D’autres, ailleurs, sûrement ! En tout cas pas eux ! Un tel amour, si confiant, et depuis toujours ! Un amour qui a grandi avec eux sans même qu’ils y pensent, et dans cette île bénie des Dieux, où la splendeur sans égale des paysages peut donner l’illusion d’un monde nouveau, oui ! Il ne semble pas vain de croire à l’éternité, malgré la folie des hommes. Mais, si le destin collectif et proche est la guerre, celui de Jean-Baptiste et d’Apollonie porte un nom, dont Pauline et ses vingt printemps seront l’instrument coupable et aveugle.