Jocelyne Normand - De très grands arbres en mon jardin

 De très grands arbres en mon jardin

 

            Je vis au milieu de très grands arbres et je considère que c’est un véritable privilège. Le jardin d’un demi-hectare où j’habite a été crée il y a quelque soixante-dix ans par une citadine (une Nantaise) qui avait acquis là une petite maison pour en faire sa résidence secondaire, à une époque où, à cet endroit, il n’y avait que des petites fermes. C’est cette dame qui a planté des essences dignes d’un jardin botanique et qui a respecté les chênes sessiles spectaculaires existants, lesquels sont certainement multiséculaires. Grâce à cette amoureuse des arbres, ils ont échappé au remembrement qui a fait tant de ravages (avec la suppression des haies et la fin du bocage) en Bretagne de 1950 à 1960.

            À l’entrée, deux hauts camélias encadrent le portail en bois. À droite, l’un se couvre de fleurs simples d’un rose ancien en novembre Une floraison abondante qui perdure pendant cinq mois, tout l’hiver ; ce qui surprend les gens qui se promènent à pied car c’est le seul arbre en fleurs à cette époque de l’année dans le secteur. Il résiste sans problème au gel. Les étamines de ses fleurs font le bonheur des mésanges bleues.

            À gauche, l’autre camélia prend le relais vers le mois de mars avec des fleurs doubles rouges. Il embrasse un conifère immense, un pin douglas qui fait quelque 20 mètres de hauteur. Il a été planté trop près de la maison et, à chaque tempête d’automne, je tremble dans mon lit en me demandant s’il ne va pas s’écrouler sur la toiture.

            En progressant de quelques mètres, on tombe sur le cèdre, majestueux lui aussi dont le tronc, divisé en deux, fait comme une sculpture contemporaine. Juste à côté, le magnolia grandiflora ; datant de l’époque de la création du jardin, il est imposant et ses fleurs blanches immaculées embaument en été. Si cet arbre magnifique a des feuilles persistantes, il en perd pas mal cependant toute l’année. Or, elles sont vernissées et se décomposent très lentement. Donc, les années ventées (qui sont de plus en plus fréquentes), je passe beaucoup de temps à remplir des brouettes de ses feuilles que je transporte jusqu’au fond de la prairie sur les tas de végétaux que j’ai installés là-bas.

            Lorsque j’étais journaliste, à l’occasion d’un reportage, dans le Var, un propriétaire que j’interrogeais m’avoua avoir supprimé son magnolia car il ne supportait plus la « corvée » des feuilles.  Un acte que personnellement je ne ferai jamais.

            À gauche, il y a le cerisier, le laurier-sauce, le châtaignier, le tilleul, tous ont certainement de 50 à 60 ans car ce sont aussi de grands arbres. À droite, il y a le laurier du Portugal, même âge. Au milieu de cet espace la beauté des fleurs de ces arbres et leur parfum nous enchantent au fil de saisons.

            On arrive alors au « géant », le premier des quatre chênes sessiles (rescapés du remembrement). Il faut au moins trois adultes qui l’étreignent les bras ouverts pour faire le tour de son tronc. Il y a deux ans, en octobre 2020, la tempête Alex nous a frappés ici aussi. Le « géant » a dû être pris dans un tourbillon. Quel spectacle le lendemain matin ! Le « géant » était délesté de branches énormes répandues sur le sol. Heureusement, elles n’avaient pas atterri sur la maison. Elles avaient miraculeusement épargné le bassin d’assainissement par phytho-épuration… Il fallut faire intervenir Antoine, l’élagueur génial très respectueux des arbres. Harnaché, il se livra à un exercice de haute voltige afin de dégager les grosses branches qui, restant accrochées, risquaient de me tomber sur la tête ou sur celles de mes animaux. Là-haut, il était en compagnie de frelons qui croyaient qu’il partageait avec eux sa nourriture. Quel plaisir ces gens qui savent parler aux arbres et aux insectes !

            Aujourd’hui, ça fait du bois de chêne bien sec pour la cheminée. Et, le « géant », c’est sûr, on a toujours envie de l’étreindre afin qu’il nous communique son énergie tellurique... et son goût pour l’éternité...

            Jouxtant l’ancêtre, il y a un rhododendron (qui fleurit mauve au printemps) de belle envergure. Il s’est bien remis de la chute sur lui des monstrueuses branches de son voisin. Il faut dire que le compagnonnage  entre ces deux-là ne datent pas d’hier et ils ont dû en essuyer de  sacrées tempêtes, comme dirait Antoine…

            Il y a aussi un beau buisson de buis à côté du chêne ancestral et un chèvrefeuille haut qui encadre l’entrée d’une autre partie du jardin qui ouvre sur un noyer… même âge sans doute.

             Je crois qu’il faut encore un autre espace pour décrire la continuité de ce jardin aux très grands arbres.

 

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https://www.albiana.fr/blog/lnd-2022-novembre/jocelyne-normand-presque-une-foret-en-mon-jardin-arbres-2eme-partie-

 

 

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