Renata - La cuisine en partage

  

La cuisine est pure alchimie. Elle nourrit et soigne et pour cela nécessite un certain nombre d’ingrédients essentiels : mémoire, application, inventivité… Mais surtout, surtout : amour de la vie ! Un récit de Renata.

 

La cuisine en partage

 

Je suis née dans une famille où la nourriture et la cuisine avaient une très grande place.

Ma mère était fille de restaurateur, mon père faisait sa propre charcuterie. Il avait un jardin, des poules et des lapins. La qualité des aliments et les repas étaient une préoccupation quotidienne et un sujet de conversation très présent au cours des grands repas de famille.

Chaque été, ma mère aidait mes grands-parents dans leur restaurant, situé au bord de la mer. Enfant, j'allais très souvent dans la cuisine de ma grand-mère pour la regarder préparer les repas pour nous et ses clients. Quand elle faisait la soupe de poisson, elle me demandait, souvent, d'aller pêcher quelques crabes pour « améliorer le goût de sa soupe », disait-elle. Elle avait toujours le souci de mettre dans sa cuisine ce qu'elle pensait être le « meilleur ».

Tous les jours, elle allait au marché avec ma mère et n'achetait que des produits locaux, les poissons qui composaient essentiellement ses menus, la charcuterie, les fromages ainsi que les légumes et les fruits. J'ai beaucoup appris auprès de ces deux femmes. Quand à mon tour, j'ai créé ma propre famille, j'ai suivi leur exemple. J'ai eu la même exigence. J'allais au marché régulièrement pour trouver des aliments de qualité auprès de petits producteurs de la région où je vivais. C'étaient des aliments de saison qui n'avaient pas voyagé, contrairement à la plupart des légumes et fruits des supermarchés de proximité.

Grâce à l'expérience de mes grands-parents et de mes parents, j'ai compris très jeune qu'un bon plat dépendait de la qualité des aliments qui le composaient. Aussi, tout au long de ma vie, me suis-je beaucoup investie pour trouver de bons produits, n'hésitant pas à faire des kilomètres ou à me lever très tôt. Au cours de ma vie, j'ai toujours eu le souci de donner à mes enfants des aliments les plus goûteux possible. J'étais persuadée, que, s'ils connaissaient le goût le plus authentique des aliments qu'ils mangeaient, ils essaieraient plus tard de rechercher ce goût ou de s'en approcher.

Puis à l'âge de 35 ans, j'ai fait une formation pour devenir professeur de yoga. Dans ce contexte, j'ai goûté à la cuisine végétarienne. L'approche de cette cuisine m'a beaucoup enrichie. J'ai découvert des aliments et des épices que je n'avais pas l'habitude de consommer ainsi qu'une autre façon de cuisiner les légumes. Au quotidien, je me suis inspirée de cette cuisine, notamment en faisant davantage de tartes aux légumes, mais je ne l'ai pas adoptée complètement. Je pensais, en effet, qu'il était important de profiter de toute la variété de produits à notre disposition et qu'il était un peu dommage de se limiter.

« Manger de tout avec modération », m'avait dit un jour un médecin à la retraite, au cours d'une sortie botanique. J'étais bien d'accord avec ses paroles qui me semblaient pleines de sagesse.

Plus tard, quand je suis devenue professeur de yoga, j'ai mis en place des stages, une fois par trimestre, sur le thème des saisons. Je partais un week-end avec mes élèves dans un gîte pour célébrer la saison. Au cours de ces deux jours, je proposais différentes activités et évoquais le thème de l'alimentation en indiquant les aliments intéressants à consommer au cours de la saison que nous abordions. En effet, j'avais appris au cours de mes différentes formations, que la médecine chinoise attache beaucoup d'importance à la façon dont le patient s'alimente. Elle considère le corps en termes d'énergie yin et yang. Si ces deux énergies ne sont pas équilibrées, la maladie apparaît. En pratiquant l'acupuncture, des techniques corporelles telles que le Qi Gong, le Tai chi ou le yoga, en prenant des préparations à base de plantes et en consommant certains aliments, nous pouvons agir sur ces deux énergies.

       

À l'âge de 57 ans, lors d'une grave maladie, j'allais expérimenter la place importante de l'alimentation dans la guérison de mes maux. J'ai eu un cancer du sein en 2010, comme traitement, j'ai reçu six chimiothérapies. Chacune d'elle perturbait mon métabolisme, créant à chaque fois des désagréments. Au cours de ce traitement, je m’étais rendu compte que j'étais très attirée par certains aliments. Cela m'avait interpellée et je fis, alors, une recherche.

Grâce au livre du Dr Chen, La diététique du Yin et du Yang, acheté quelques années auparavant, je compris pourquoi je ressentais une attirance particulière pour tel ou tel aliment. Ainsi, par exemple, j'étais très attirée par l'avocat. En consultant  ce livre, j'appris en effet que l'avocat stimule les fonctions digestives, tonifie l'énergie générale, calme le cœur émotionnel, qu'il est intéressant en cas d'aérophagie, de ballonnement abdominal, de fermentation intestinale. En répondant à mes envies alimentaires, je constatais que les désagréments causés par les chimiothérapies, s'estompaient peu à peu. J'étais émerveillée de voir combien nous pouvions, en nous laissant guider par notre intuition, apporter nous-mêmes des réponses à nos maux. « Que ton aliment soit ton seul médicament », disait Hippocrate.

Enfant, je pensais que ma famille aimait la bonne cuisine par gourmandise. En grandissant, j'ai compris que son objectif était aussi de manger sain pour être en bonne santé. À travers mes propres expériences et mes lectures, j'ai découvert que notre façon de nous alimenter contribuait non seulement à nous maintenir en bonne santé mais qu'elle pouvait aussi nous aider à guérir.

Manger sain pour rester en bonne santé ou guérir un désagrément est, certes, très intéressant, mais il ne faudrait pas oublier la notion de plaisir.

La cuisine, grâce à nos  sens : le sens de l'odorat, le sens de la vue et le sens du goût, peuvent nous procurer  un immense plaisir. Soulever un couvercle et humer la vapeur qui se dégage de la cuisson d'un sauté de veau aux olives, subtile alchimie peut-être secrète, quelle joie ! Découvrir sous nos yeux, une superbe assiette de crudités aussi colorée que la palette d'un peintre et en être émue jusqu'aux larmes, quel bonheur ! Enfin, goûter et fermer nos yeux pour savourer tout le savoir-faire d'un merveilleux cuisinier alchimiste, quel régal ! Le paradis est-il vraiment ailleurs ?

Ceux qui aiment cuisiner, ceux qui aiment les « bons petits plats » sont souvent de « bons vivants ». La nourriture est liée à la Vie.

Pour ma part, j'aime vraiment cuisiner que ce soit pour moi ou pour les autres. C'est toujours un moment de plaisir car, à chaque fois je fais appel à ma créativité. Avec l'âge, je me laisse de plus en plus guider par mon intuition. J'ose changer certaines de mes habitudes pour me laisser aller à plus de « fantaisie ». Mes repas sont plus savoureux qu'avant. Un réel plaisir au quotidien !

Choisir différents ingrédients, les associer pour les transformer en un plat savoureux demande un certain investissement de soi. Cela demande d'avoir beaucoup d'amour en soi, amour des autres, amour du partage, amour de la Terre, notre mère à tous, qui nous permet d'accéder aux meilleurs produits aux saveurs multiples.  

Dans cette période un peu particulière, n'hésitons pas à être « épicurien ». Notre Terre nous  offre de bons produits, sachons les mettre en valeur, grâce à notre expérience ou notre créativité, pour nous donner encore plus de plaisir chaque jour !

  

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