Barbara Panelli - Occhi

  

Les yeux recréent le lien d’une humanité que l’on croyait perdue. Un memento de Barbara Panelli (Traduction française à la suite).

  

  

  

OCCHI

 

Mi chiedo se sia capitato solo a me, se qualcuno ne abbia già scritto.

La prima volta che ho notato la cosa è stato camminando in centro. Il marciapiedi stretto e la donna che viene in senso opposto al mio è impicciata da due borse pesanti stracolme di verdura. Scendo  sul ciglio della strada per cederle il passo. I nostri sguardi si incrociano, lei china un poco il capo in segno di ringraziamento e sorride con gli occhi. Un'altra volta in un supermercato il ragazzo alla cassa sta dando del tu a un'anziana donna, sbuffa e alza gli occhi al cielo mentre la umilia perché la prepagata non ha la copertura sufficiente per il pagamento. Ragazzino, forse dovresti dare del lei alla signora, non credi? Gli sibilo. La donna mi guarda dritto negli occhi e muove i propri come a dire, Non vale la pena, lascia perdere, ci sono abituata. Poi, sull'autobus, una ragazza accanto a me osserva la buffa scena di un tipo con due cani che cerca di attraversare la strada, ma con uno che tira in avanti e l'altro impuntato che non vuole saperne, sta bloccando il traffico. Fa ridere. Ci guardiamo e si vede dagli occhi che stiamo ridacchiando del poveretto. E ancora. In coda a uno sportello sanitario, una madre con tre figli, varie scartoffie e documenti da gestire, mi vede e, spingendo verso me il più piccolo, mi prega con un'occhiata di accudirlo un momento.

Ho iniziato a farci caso e mi sono resa conto che tutte queste donne che prima avanzavano con maggiore riserbo, improvvisamente comunicano con me senza parlare. Cos'è cambiato rispetto a prima? Cosa favorisce quest'improvvisa empatia, se pur occasionale? Cosa sta facilitando la comunicazione e abbattendo una barriera?

Ecco, proprio quella cosa lì che scrivevo prima: si vede dagli occhi che stiamo ridacchiando. Capite? Queste donne velate si sentono meno diverse. E io, costretta a una diversità, ho imparato un nuovo linguaggio. Ho colto qualcosa che prima mi sfuggiva. E ho trovato una valenza sociale positiva nell'uso della mascherina. 

 

So che qualcuno addurrà quanto ho scritto a prova del processo di islamizzazione crescente del nostro mondo occidentale e laico, e che riterrà ingenuo il termine empatia: “sicuramente queste donne staranno provando un senso di vittoriosa soddisfazione nei confronti di noialtre infedeli costrette a coprire il volto”, ma  suvvia... vogliamo ogni tanto provare ad andare oltre a quelle quattro idee elaborate a punta e mazzetta cui siamo avvinghiati? Magari qualcosa di buono potrebbe sorprenderci.

 

 

 

YEUX

 

Je me demande si cela ne m’arrive qu’à moi, si quelqu’un à déjà écrit dessus.

La première fois que j’ai remarqué la chose c’était pendant que je marchais dans le centre. Sur le trottoir étroit, la femme qui vient en face de moi est encombrée de deux lourds sacs débordant de légumes. Je descend sur le bord de la chaussée pour lui céder le pas. Nos regards se croisent, elle incline légèrement la tête en signe de remerciement et sourit avec les yeux. Une autre fois dans un supermarché, le garçon à la caisse tutoie une dame âgée, renifle, lève les yeux au ciel et l’humilie parce que sa carte prépayée n’a pas les fonds nécessaires pour le règlement. Jeune homme tu devrais vouvoyer cette dame, ne crois-tu pas ? lui glissé-je. La femme me regarde droit dans les yeux et bouge les siens comme pour dire “ça n’en vaut pas la peine, laisse tomber, j’ai l’habitude”. Puis dans l’autobus, une jeune fille près de moi observe la drôle de scène d’un type avec deux chiens qui tente de traverser la route . Mais comme l’un d’entre eux tire vers l’avant et que l’autre freine des quatre fers ne voulant rien savoir, l’homme bloque le trafic. Il fait rire. On se regarde et on voit à nos yeux que nous nous moquons du pauvret. Et aussi, une femme et ses trois fils, dans la queue pour un guichet médical. Elle, gênée par des paperasses et des dossiers à manier, me tend le plus jeune d’entre eux et me prie d’un regard de m’occuper de lui un instant.

J’ai commencé à y prêter attention et je me suis rendue compte que toutes ces femmes qui avant agissaient avec la plus grande réserve, soudain communiquent avec moi sans parler. Qu’est-ce qui a changé par rapport à avant ? qu’est-ce qui favorise cette empathie inattendue, occasionnelle ? qu’est-ce qui facilite la communication et abat les barrières ?

Voici exactement ce que j’écrivais plus haut : on voit à nos yeux que nous nous moquons du pauvret. Vous comprenez ? Ces femmes voilées se sentent moins étrangères. Et moi, poussée à changer, j’ai appris un nouveau langage. J’ai capté quelque chose qui avant m’échappait. Et j’ai trouvé une valeur positive à l’usage du masque.

 

Je sais que quelqu'un citera ce que j'ai écrit pour prouver le processus d'islamisation croissante de notre monde occidental et laïque, et qu'il jugera le terme d'empathie naïf : «  C’est sûr, ces femmes doivent éprouver un sentiment de victoire devant nous autres infidèles à nous voir obligée de  couvrir notre visage. » Mais allez… voulons-nous de temps en temps essayer de passer au-delà des quatre idées élaborée au burin auxquelles nous nous accrochons ? Quelque chose de bon pourrait peut-être nous surprendre.

  

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