Le livre de toujours
Les soirs de vieux nuages
il me semble le voir
flottant dans les nuées
au-dessus des ramures
où chantent les oiseaux.
Sur ses pages ouvertes
à la blancheur de neige,
bleutées de vieille lune,
roussies de fin du jour,
courent les longues lignes,
les pleins, les déliés,
les hampes et les jambages
des vies du temps passé.
Des jeunes femmes dansent
et chantent sous la lune,
des filles fleurs sourient
au soleil de l’été,
des enfants insouciants
sautent sur les marelles,
des vieux semblent derviches
tournant et retournant
en regardant les cieux.
Jamais l’encre et le plomb
n’ont effleuré ses pages,
la poussière du temps
les larmes et les rires
ont abreuvé la plume
de ceux qui l’ont écrit…
Elles disent que le jour
au jour toujours succède,
l’aurore à la nuit,
le soleil à la lune.
La vie vient, la vie passe,
tout est déjà écrit,
tout toujours recommence.
Alors j’entends chanter
les douces jeunes femmes,
rire les filles fleurs
au soleil de l’été,
alors je vois sauter
aux carreaux des marelles
les enfants insouciants,
tourner les vieux derviches
au visage apaisé.
Tous me disent vivez.
Riez, dansez, chantez
demain qui est bientôt,
dans le sable éboulé
des plages océanes,
la trace de vos pas
s’en ira vers la mer,
mais dans le livre ouvert
au-dessus des ramures
où dorment les oiseaux,
vos rires et mots d’amour
auront tracé les lignes
d’un chapitre nouveau
et plus tard,
les soirs de vieux nuages,
les enfants rêveront
devant les pages ouvertes
à la blancheur de neige,
bleutées de vieille lune,
roussies de fin du jour,
du livre de toujours…
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