Éphémères les traces et les souvenirs… pourtant les mots du poète les saisissent, les ravivent et ils paraissent neufs ! Par Florian Galinat
Tâches
Tout est trace.
Celles qu’on laisse à chacun de nos passages dans la neige du vent. Toutes ces voies éphémères qui se croisent et se suivent dans chaque rue, chaque paysage. Puis sous la chaleur du temps, fondent ces souvenirs, ces itinéraires invisibles d’hésitations et d’intuitions. Ruisselle ainsi, au pied du Monde, toute la trame tissée de notre vie. Notre descente sur Columbus Avenue vers le poème du Vesuvio Café ou la traversée de la mer de sel dans la chaleur de Badwater.
L’envol d’A Take Away Show écoutée fenêtres ouvertes sur des pins embrasés de lumière. Cette conversation entre ces hommes un matin de marché, un sifflement vagabond, ma voix ou la joie d’un enfant. Tout s’envole vers l’inconnu d’un monde vibratoire. Le banc vide et l’arbre seul au feuillage curieux attendent d’autres récits passagers. Toutes ces vies qui racontent sans cesse cette fragile matière enterrée chaque fois par un silence ou un départ. Les mots et les sons sont faits d’une poussière de lettres.
Toutes les traces de nos sourires sont parties aussi comme ces gouttes de cerises dans les printemps perchés. Plus rien aussi sur les terrains de poussière, le rebond du ballon et la petite fumée des pas. Partis aussi les vives couleurs de l’enfance de nos parents, les ciels bluejeans et les après-midi flipper dans une lumière vert cannette. Plus de traces des pantalons écorchés, de l’épicerie aux étiquettes de prix orange et du boucher au tablier blessé. Inconnues celles faites de force et de sueur au pied des Chapelles, celles laissées par les brûlures et les coupures au fond de ces ateliers abandonnés.
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