Encore
Revenir s’il le faut du plus loin
S’acharner il le faut
Avancer traverser la nuit
Langue coupée mains brisées
Mordre la poussière
La haine répandue sang et cendres
Si tu te souviens tu cries
Si tu cries on t’enferme
Avec le retour du jour faire semblant
Rendre l’enfer possible
Avec les mots des autres
La rage des pierres
Personne ne voit
Personne n’entend
Berceuses d’aïeules et chants nationaux
Enfants endormis dans les caves
Sécuriser le ciel qui peut sécuriser le ciel
Qui va-là qui veut-là partir rester
Les ponts sont des pièges sans retour
Ce qui nous arrive c’est mourir
Cadavres dans les caniveaux
C’est quoi mon pays qui sont les assassins
Ces visages où regardent-ils que voient-ils
Quelles traces dans la nuit lancinante
Dans la traversée des livres
Vers nos défaites répétées
Les mots des autres toujours
Mange mange mange donc enfant notre maladie commune
Mange mange mange donc à satiété le pain
Fabriqué de nos mains reprends donc du malheur du monde
Notre venin distillé en fêtes familiales célébrant les saisons
Enfant mange
Il a fallu arrêter le spectacle
Il a fallu vomir les images
Cracher de purs crachats à la face des géants
Sous le glacis d’ennui montrer la pourriture épanouie
Un jour ce jour la voix tout entière délivrée
La descente achevée
La figure naitra et avec elle les mots
Lente remontée du puits
Les pierres frémissent et se mettent à dire
Déjà les ailes bruissent et le vent grandit
Les larmes tissent des rires
Le miel coule sur les lèvres rongées de sel
Le sable quitte la langue
Et les voyelles chantent
Quelque chose comme un filet d’eau un bruit de source un brin d’herbe verte
Quelque chose printemps
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5 avril 22
