Caiorni

Caiorni [se prononce « caillorne »] : mot d’origine obscure, surtout employé dans la région d’Ajaccio. Se dit des jeunes hommes qui savent à la fois glander et jouir de la vie.

« Je la joue pas devin façon historien, mais bon, ça se sentait, dans l’air, que la rumeur, comme toujours, par ses relents, allait tout embraser. Alors, je dis pas… Je participais, pour me fondre dans la masse, pour me faire oublier, mais tout en cherchant une alternative, un truc qui me permettrait de vivre là, peinard, en harmonie, pas détaché mais pas trop engagé. Et ce truc, c’était le surf. Ça me donnait un côté illuminé, ce qu’on avait encore l’habitude de respecter, mais quelque part solidaire, et ça me permettait de n’avoir pas à me soumettre à ces choix débiles et insolubles entre ce que c’était qu’être corse et ce que c’était de ne pas l’être. Comme si je pouvais choisir entre mon père et ma mère ou entre les Clash et L’Albinu. Les choses se sont faites naturellement, sans y penser. Je me suis mis, avec quelques autres, à sillonner la Corse, une planche sous le bras, dans des coins qu’on était seuls à arpenter… Alors, quand je suis tombé sur ce truc de Zone autonome temporaire, cette non-théorie de l’anarchiste ontologiste Hakim Bey, je me suis dit qu’il y avait plus qu’un livre à en faire, une réalité. Notre île va redevenir l’esprit du futur. Ouais, on va commencer par habiter les marges… TAZ après TAZ ! Ouais ! Tony ! »
Ouais.

Le roman pourrait être présenté ainsi : trois amis, une terre préservée et, tout autour, invitation à l’aventure personnelle, l’immensité de la mer ! Une île, « la plus belle », avec son inépuisable trésor naturel : terre, ciel et mer à portée de main. Sur cette terre, devenir un homme a toujours exigé de lutter pour se forger son propre espace de liberté, son territoire, son originalité. Dans cette île propice à toutes les utopies, les autres comptent parfois plus que soi-même, l’amitié souvent plus que l’amour en personne.