Quatrième de couverture
Premier essai en forme de récit, Le témoin du procès relate le huis clos vécu dans une salle des témoins d’un tribunal lors d’un retentissant procès de nationalistes. Cité à comparaître en qualité de témoin, il traverse les cinq jours d’audience en compagnie des autres témoins, véritable microcosme insulaire avec la question de la justice en Corse en toile de fond.
Le procès du témoin — deuxième récit édifiant — est le condensé des feuillets écrits dans le petit bureau marseillais de la disgrâce, lorsque les pouvoirs politiques et médiatiques avaient réussi à éloigner le journaliste jugé par trop incontrôlable. Profonde réflexion sur le métier de journaliste et les vicissitudes inhérentes à une pratique qui se veut libre et au service du public, elle éclaire la problématique générale de l’ouvrage, tout entière consacrée à la question du témoignage : ses enjeux, son exercice, ses conséquences — choses vues et choses dites nécessairement tempérées par le doute. Le doute, certainement le vrai sujet du livre, qui ne trouve plus à s’exprimer lorsque les idéologies sont prégnantes et conquérantes.
Empreint d’une pudeur et d’une justesse de ton sans acrimonie ni désir de régler des comptes, dans un style libre et subtil, Les jours d’un témoin est d’ores et déjà un ouvrage clé pour la compréhension, in situ, des forces souterraines en scène dans la « question corse » : justice, politique et média confondus.
Extrait
« Il n’y a qu’aux idéologues qu’on ne fait pas jurer de dire la vérité. Ce sont les seuls pourtant, qui prétendent la connaître. Nous autres ne sommes que de la matière première, la pierre dont on bâtit, les accidents dont on orne les démonstrations… des gisements de sensations. Ceux qui nous sollicitent n’ont rien à apprendre. De la rédaction en chef du journal à la présidence du tribunal, du commissariat de police aux bancs de la défense, les journalistes, les juges, les flics, les avocats et les historiens fouillent dans la masse de notre existence, à la recherche de ce que nous avons vu ou n’avons pas vu, de ce que nous avons entendu ou n’avons pas entendu, de ce que nous avons ressenti ou n’avons pas ressenti… À la recherche de ce qui confirme la vérité nécessaire, utile ou proclamée. Car notre existence, pour les idéologues, n’est effectivement qu’un détail. Alors que les détails sont tout pour nous : tout ce qui s’est échappé, tout ce que nous avons cru vivre, tout ce que nous n’avons pas toujours très bien compris. »