Quatrième de couverture
Quelques récits empreints d’une profonde sensibilité reviennent sur l’image du grand-père, Babbò, symbole d’un monde irrémédiablement révolu. La Corse du début du xxe siècle, bousculée par la tragédie de la Grande Guerre, sommée de s’adapter à une modernité niveleuse et dévoreuse d’hommes obligés d’émigrer, est le théâtre de drames humains sans aucune comparaison. Les yeux de l’enfant scrutent ces douleurs et ce monde qui peu à peu s’en est allé avec ses valeurs, ses convictions et… ses gens.
« Mon grand-père était la mémoire du village et, le soir à la veillée, les gens venaient chez nous l’écouter lorsqu’il racontait ce qu’il se passait dans l’ancien temps. Pas seulement des histoires de chez nous, mais aussi d’ailleurs, car il avait beaucoup voyagé. Il est mort très vieux, pas loin de cent ans ! Arrivé à cent ans d’âge lui importait moins que le désir d’être encore vivant en l’an 1900. Eh bien, il y est arrivé. Avà possu more (maintenant, je peux mourir) qu’il a dit après nous avoir souhaité Pace e salute (paix et santé) à tous. Le lendemain nous l’avons trouvé mort dans son lit ; on aurait dit qu’il dormait. Il l’avait sans doute voulu ainsi. »
Guy Benigni
Extrait
« Mon grand-père était la mémoire du village et, le soir à la veillée, les gens venaient chez nous l’écouter lorsqu’il racontait ce qu’il se passait dans l’ancien temps. Pas seulement des histoires de chez nous, mais aussi d’ailleurs, car il avait beaucoup voyagé. Il est mort très vieux, pas loin de cent ans ! Arrivé à cent ans d’âge lui importait moins que le désir d’être encore vivant en l’an 1900. Eh bien, il y est arrivé. Avà possu more (maintenant, je peux mourir) qu’il a dit après nous avoir souhaité Pace e salute (paix et santé) à tous. Le lendemain nous l’avons trouvé mort dans son lit ; on aurait dit qu’il dormait. Il l’avait sans doute voulu ainsi. »