Quatrième de couverture
Un essai sur le voyage en Corse de Joseph Conrad.
Préface de Kenneth White
A soixante-trois ans, trois ans avant sa mort et au faîte de sa renommée, Joseph Conrad entreprend, depuis l'Angleterre, un voyage de plusieurs semaines en Corse. Un vieux rêve, une obsession. Pourquoi ?
Ultime résonance d'un destin, la traversée Marseille-Ajaccio et les étapes du séjour permettent la résolution de « l'énigme ». Tandis qu'au travers de son regard étranger, s'esquisse un état des lieux de l'île en 1921, tout à la fois poétique et politique.
Dans cet essai qui flirte avec le récit, Maddalena Rodriguez-Antoniotti pénètre dans la vie secrète d'un écrivain dont toute l'œuvre visionnaire pose une question essentielle : comment rester humain en ce monde ? A travers filiations et filatures, l'auteure bouleverse l'ordre biographique du Polonais d'Angleterre pour héler l'autre Conrad. Le Méditerranéen. Né à lui-même à Marseille, dans sa volonté de devenir marin, et initié à la mer, à dix-sept ans, par la souveraine amitié d'un marin du Cap Corse.
« C'est, écrit Kenneth White dans la préface, tout l'itinéraire complexe de l'écrivain hors pair, du rôdeur de l'esprit que fut Joseph Conrad, et tout le champ frémissant qui s’en dégage, que le lecteur trouvera dans ce beau livre qu’est Bleu Conrad.
Extrait
« Dans le contour du jour qui se lève, l’Iberia accoste. Quelques ultimes vibrations du moteur et la coque noire et luisante, vient s'assoupir le long du quai. Dans la baie, la mer secoue sa nuit. Une clarté tremble sur l'eau. La ville perd son silence. Malgré l'heure matinale, des Ajacciens assistent à la manœuvre, au remue-ménage des bagages. L’arrivée du bateau est toujours un événement. Ce jour-là, Le Petit Bastiais, le principal quotidien insulaire, mentionne le début du séjour parisien du président de la République polonaise et la quantité de neige tombée dans le plein centre de l'île, au col de Vizzavona. Mais, à Aiacciu, dans ce petit matin de février, le ciel est dégagé. Le décor montagneux parfaitement esquissé. Les premières couleurs du jour, souples et légères, peuvent se déployer à leur aise dans l'atmosphère. Joseph Conrad fume sa cigarette nerveusement. » (p.81)
« Le but que je m'efforce d'atteindre est, avec le seul pouvoir des mots écrits, de vous faire entendre, de vous faire sentir, de vous faire voir » (Joseph Conrad).