[Extrait de la 4e de couverture]
La Méditerranée n’est probablement pas le continent liquide ou la Patrie dont parlaient certains intellectuels au XIXe siècle. Mais il existe
bien un « système méditerranéen » qui scelle une interdépendance, une manière d’être et un destin des sociétés riveraines, en Afrique du Nord,
au Moyen-Orient et en Europe.
Les évolutions auxquelles nous avons assisté aux XIXe et XXe siècles ont modifié les données et l’équilibre de cette interdépendance. Deux empires se sont écroulés en l’espace d’un siècle : l’empire ottoman d’une part et l’empire colonial européen ensuite. Il s’en est ensuivi, au sud et en Orient, une véritable explosion démographique et de profondes mutations dans les sociétés concernées.
Au début du XXIe siècle, cette Méditerranée s’est trouvée confrontée à une double crise. Premièrement, une crise sociale et politique dans les pays arabes
et en Orient où les masses populaires aspirent aux effets de l’enrichissement. Des effets qui tardent à venir. Deuxièmement, une crise de confiance, morale et culturelle dans les pays occidentaux confrontés à des questions nouvelles et déstabilisantes. Dans l’espace méditerranéen, ces deux formes de crises n’évoluent pas parallèlement, mais s’additionnent dangereusement.
À ces deux crises globales s’ajoutent des situations conflictuelles majeures au Moyen-Orient, en mer Noire et dans les Balkans.
Dépasser ces crises est de l’intérêt conjoint des sociétés européennes, arabes et orientales, en outre confrontées aux défis du changement climatique, de la gestion de l’eau, de la gestion des déchets, de la pression touristique et de la militarisation de l’espace.
Les îles et les presqu’îles, qui sont au centre de ce « système méditerranéen », doivent s’inscrire résolument dans l’objectif d’être les traits d’union entre des sociétés interdépendantes mais qui ont tant de mal à se comprendre.
Enfin, l’humanité est en train de vivre à l’échelle du globe ce qu’elle a vécu il y a plus de cinq siècles à l’échelle de la Méditerranée. Cela suppose que nous
repensions le monde, la manière dont nous l’habitons et la manière dont nous nous imaginons dans l’univers.
Sampiero Sanguinetti, journaliste, est l’un des fondateurs de la télévision régionale en Corse (le journal télévisé de France 3 puis F3 Via Stella). Il a publié de nombreux essais aux éditions Albiana dont Corse, le syndrome de Pénélope (2006) ; La violence en Corse (2012) ; La Corse entre clanisme et nationalisme (2015), Corse, l’option démocratique (2018) et Corse, de quoi la mafia est-elle le nom ? (2019).