Extrait
« Citoyen du ciel ! », l’expression est de Pascal Paoli lui-même. Il l’emploie de jolie et touchante façon dans une lettre à une amie, le jour anniversaire de ses soixante-dix-sept ans, alors qu’il vit, en exil, à Londres depuis de longues années : « Je ne dois plus penser qu’à l’autre monde et à me rendre digne d’être citoyen du ciel. » Ainsi, c’est jusqu’au firmament qu’il aime à envisager le citoyen.
Certes, un trait d’esprit n’est pas une profession de foi. Cependant, ce qui, ici, ressemble à un clin d’œil à l’existence, dit en fait la vocation d’une vie : faire société autour du bien commun. Car telle est pour Pascal Paoli le teneur d’une vie vécue en dignité.
Notre temps aussi, se complaît à en appeler à la manifestation citoyenne : d’un simple geste au rôle d’une entreprise, elle confère, si elle y est associée, un label de respectabilité. Mais, cette kyrielle de déclinaisons, plus que son prix, en affiche l’inflation. Autre temps, autre citoyenneté ?
Appréhender ce moment prodigieux de l’histoire de la Corse, au regard de cette notion, outre de mettre en résonance notre monde et le sien, donne à apprécier la fidélité d’un homme à son idéal. Et ainsi d’estimer « l’authenticité d’une vie effective ».
Les hommes ne valent que par les questions qu’ils se posent. Car c’est à partir d’elles qu’ils peuvent être conduits ou bien à faire la leçon, ou bien à faire leçon ! Dans cet essai, l’auteur interroge le sens de celles qui ne cessèrent d’habiter celui dont la forme et le sens de l’engagement pour son pays, amenèrent Voltaire à proclamer au cœur du Siècle des lumières : « Toute l’Europe est corse ! »