Quatrième de couverture
Dans une Corse à peine libérée, un aviateur américain et une jeune paysanne corse tombent éperdument amoureux. Ils se promettent un avenir radieux, un amour sans faille, mais déjà la guerre et — plus sournoise — la jalousie les rattrapent. Le bonheur se transforme alors en songe lointain, la présence de l’aimé(e) en une interminable et mortifère attente et l’amitié d’enfance en une sourde et implacable vengeance…
Un roman en rose et noir sur le poids du temps qui passe, l’érosion lente des sentiments, la prégnance d’une culture du malheur et la douce amertume de la vie… De sombres nuages s’ouvrent sur une mer déchaînée, voici un golfe battu par la tempête puis une piste qui surgit entre deux remparts de collines…
Le captain James Lovell pose in extremis à Ajaccio son avion désemparé… Il est bien persuadé, et son équipage avec lui, que la Corse ne constituera qu’une escale brève, car bientôt ils doivent retourner aux USA… Mais le destin a de ces malices…
En suivant les conseils d’un jeune soldat et en se rendant un matin près de la carriole de bergers qui viennent vendre leurs produits aux Américains de la base, James Lovell ne sait pas que son destin va basculer et que la Corse va devenir pour lui… une si longue escale.
Extrait
James Lovell arpentait les collines au-dessus du terrain. Il y découvrait des plantes sauvages étalées ou buissonnantes dont il ignorait le nom mais qui lui rappelaient cette végétation de la campagne proche de Sacramento, en Californie, où il avait effectué son entraînement de pilote. Au loin, vers le centre de l’île, se découpaient des montagnes hautaines aux parois enneigées. L’idée de la Californie s’imposa encore à lui avec son altière Sierra Nevada si proche de la mer.
Pour franchir une crête, il contourna un bosquet de chênes-lièges, se glissa entre deux rochers et parvint au sommet.
Sa respiration s’arrêta.
Là-bas, tout en bas, ce foulard bleu, c’était elle ! Elle lui apparaissait, comme la veille avec sa grâce inattendue de plante sauvage dans ce champ verdoyant où ses brebis figuraient autant de pâquerettes éparpillées.
Son cœur battit plus vite.
Hier elle avait disparu sous son aile. Aujourd’hui, non.
Pour s’amuser et se ravir, il masqua la silhouette de Maria Santa de sa main tendue devant ses yeux à la manière d’une aile, en même temps qu’il imitait le bourdonnement d’un moteur. Sa main avança lentement, Maria Santa reparut dans la vallée. Il recommença, elle disparut, puis reparut encore.
Il se piqua à ce jeu.
« Appeared, diseappeared, appeared, diseap-peared », disait-il à chaque fois en souriant aux anges et sans omettre de cesser son vrombissement de moteur.
Un frôlement de branchages le fit sursauter.
Un chasseur en guêtres de cuir et fusil à la saignée du bras le considérait d’un air aussi étonné que tristement interrogateur. Lovell tenta de se donner une contenance mais l’autre tourna prudemment les talons en hochant la tête comme quelqu’un de profondément navré. »