L’âne et le bon dieu
L’âne et le bon dieu

L’âne et le bon dieu

11 x 16 cm - 96 pages

Collection :
9782846983181
6,00 €
TTC Livraison sous 1-2 semaines

Un roman onirique et burlesque où il est question d'âge, d'amour, de temps, de sexe et de bon dieu.

Fermer

Description

Un roman onirique et burlesque où il est question d'âge, d'amour, de temps, de sexe et de bon dieu.

 

Extrait

Il était 6 heures et demi, et Brigida courait vers son « fond ». La forte pente de la Cima la faisait haleter mais le temps pressait… Contrairement à son habitude, elle ne souffla pas quelques minutes en contemplant la mer au lever du soleil, miroir de la Vierge, au-delà de Monticello. Job l’attendait en pleurant. C’est le curé qui l’avait baptisé Job parce que, disait-il, il se lamentait comme le prophète. Les curés, surtout les polonais, veulent toujours comparer, expliquer, légiférer. Brigida le soupçonnait de s’être acoquiné avec ceux qui se plaignaient des bruits qu’émettait l’âne (« Et vos télés, elles n’en font pas du bruit peut-être ? Alors que mon Job, il braie pour me parler »). Job ne braie pas de désespoir mais d’amour. Un jour, un gamin l’avait surnommé Zob et les copains de s’esclaffer. Brigida avait demandé à son cousin Prosper qui était ce Zob.

– C’est un mot grossier, un peu comme quand tu dis « merde ».

Du coup, lorsqu’elle se trouvait seule et qu’elle avait oublié sa soupe sur le feu, elle ne s’exclamait plus « merde » mais « zob ». Quant au gamin, il devait avoir le vice dans le sang, car elle l’avait surpris un jour en train de casser les tiges de son cactus. Elle s’était plainte au maire qui avait remonté les bretelles au sacripant et qui l’avait même traité de « fasciste en herbe », ce dont elle se montra fort satisfaite. Job lui sauta au cou, …façon de parler. Il lui lécha le visage et elle crut sentir ses deux pattes sur ses épaules. C’était un beau petit âne gris, fils d’une ânesse que son mari, Victor, avait achetée lorsqu’il avait pris sa retraite de militaire, vingt-cinq ans plus tôt.

À l’époque, elle avait ronchonné :

– Je me demande pourquoi tu te charges d’un âne alors que tu as une voiture. Tu te crois revenu au temps de nos grands-parents ? Ce n’est pas l’ânesse qui t’emmènera à Île-Rousse pour faire tes courses.

– Écoute ! La voiture roulera bien jusqu’à Île-Rousse, mais si je lui parle, elle ne me répondra pas. L’ânesse, si je lui parle, me comprendra et si je la nourris, elle me le rendra.

Ils avaient vécu leur petit roman, l’ânesse Rosa et Victor, et elle ne s’en était pas mêlée. Ils avaient eu un petit… enfin, l’ânesse, avec un père inconnu. Puis Rosa et Victor étaient morts, et le petit Job avait dix ans. Elle prit un tabouret pour monter à cavallu u sumere ; à soixante-quinze ans, elle avait les genoux un peu raides. Ensuite, elle ferma les yeux et pria deux minutes ; l’âne aussi avait les yeux fermés.

Au-dessus de la porte, filtrait un rai de lumière. Elle savait qu’un jour, elle pousserait la porte, une autre porte, et pénétrerait dans les splendeurs du ciel. Kafka avait eu la même vision, sauf que pour lui la lumière passait sous la porte. De Kafka, sa petite-fille était née coiffée, Brigida avait remarqué qu’avec un nom pareil, il aurait pu être corse.

Détails du produit

Parution
Albiana 2009
Format
11 x 16 cm
Nombre de pages
96
Nouveau

About Centu milla

Avis (0)

Aucun avis
Article ajouté à la liste de souhaits